La chute du régime de Bachar al-Assad a permis à des milliers de personnes de refaire surface. Le plus souvent des Syriens détenus dans les geôles du régime depuis des années, et considérés, pour certains d’entre eux, comme morts par leur famille.

Ce jeudi matin, c’est un tout autre profil qui a émergé sur les réseaux sociaux. Dans une vidéo publiée sur X est apparu un jeune homme d’allure occidental, l’air fatigué et allongé sur un matelas, dans une maison où il semble avoir été recueilli.

D’abord confondu avec le journaliste américain Austin Tice, arrêté en 2012, il s’agirait en réalité de Travis Pete Timmerman, un citoyen américain de 29 ans, originaire du Missouri. Retrouvé dans la petite ville d’Al-Diyabiyya, au sud-est de Damas, l’homme faisait l’objet d’une fiche de recherche de la police hongroise de Budapest, en date du 28 août, qui l’annonçait comme disparu. «Selon les données disponibles, l’homme de 29 ans a […] été vu pour la dernière fois à l’église du district, depuis lors il est parti vers un lieu inconnu et n’a donné aucun signe de vie.»

Dans un post Facebook en date du 18 septembre, une femme se présentant comme une ancienne camarade de Lycée, expliquait que le jeune homme avait «disparu depuis le 2 juin 2024, sa dernière localisation connue était l’église baptiste internationale de Budapest, en Hongrie, le 28 mai 2024».

Interrogé depuis par plusieurs médias, son parcours lors de ces derniers mois apparaît confus.

Dans une interview à l’agence de presse turque Anadolu, il explique être arrivé en Europe en mars, et s’être rendu à Zahlé au Liban, fin mai, à une cinquantaine de kilomètres de Damas, soit au moment où sa disparition a été annoncée.

«J’ai passé illégalement la frontière syrienne avec le Liban, raconte-t-il à NBC. J’ai vécu dans cette montagne pendant trois jours et trois nuits, et j’ai été vu par un garde-frontière. C’est alors que j’ai été arrêté, [et] envoyé dans une prison syrienne appelée Far Falastin [branche Palestine, ndlr]», à Damas, où il aurait passé «sept mois». Questionné sur les raisons de son voyage, il explique avoir voulu, comme chrétien, entreprendre un pèlerinage dans la capitale syrienne, où «[son] seigneur [l]’a envoyé».

A CBS, il dit avoir été libéré lundi de sa cellule par deux hommes armés qui aurait forcé sa porte à coups de marteau. «Ma porte a été enfoncée, ça m’a réveillé, a-t-il déclaré. Je pensais que les gardes étaient toujours là, donc j’ai pensé que la guerre avait pu être plus intense qu’elle ne l’a été en fin de compte… Une fois que nous sommes sortis, il n’y a eu aucune résistance, il n’y a pas eu de véritable combat». Dans une autre vidéo, il affirme «avoir été libéré de la prison par un homme syrien appelé ‘“Ylli” ; il m’a aidé, moi et une jeune femme qui vit à Damas, à sortir de prison immédiatement».

Auprès d’Al Arabyia, à qui il confie ignorer l’affaire Austin Tice, il explique avoir été bien traité par ses gardes, mais avoir entendu chaque jour des personnes se faire torturer, notamment de jeunes hommes. Il a également affirmé à NBC avoir été bien nourri, «la seule difficulté [étant] de ne pas pouvoir aller aux toilettes» régulièrement. Mais que son emprisonnement avait été «réellement bénéfique pour [lui]», allant même jusqu’à le considérer comme «un moment de réconfort et de méditation».

«Timmerman a déclaré qu’il avait passé les derniers jours à errer pieds nus dans les rues, à dormir dehors et dans une maison abandonnée, poursuit NBC. Il a ensuite été retrouvé par un habitant du coin à qui il a demandé de l’eau, apparaissant par la suite dans une vidéo qui s’est rapidement répandue sur les réseaux sociaux et a attiré l’attention des médias». Prévoyant de se rendre en Jordanie, il a annoncé vouloir retourner par la suite à Damas.