«Le Hamas avoue et documente ses crimes !» A en croire de nombreuses publications sur les réseaux sociaux, relayées depuis le 16 novembre, on trouverait sur le site Hamas.com (attention, les images présentes sur le site peuvent être choquantes), le véritable visage de l’organisation islamiste, telle qu’elle se décrit elle-même. Des décomptes de victimes civils du 7 octobre, à la profession de foi du groupe, en passant par une compilation des vidéos les plus insoutenables de l’attaque, le site pourrait passer au premier coup d’œil pour un site officiel.

Il a d’ailleurs été partagé par le compte officiel de l’Etat d’Israël avec pour seul commentaire : «Des combattants de la liberté ? Absolument pas. Des meurtriers, des terroristes, des violeurs.»

Le site a donc été pris au sérieux par de nombreux internautes, qui s’étonnent parfois qu’il puisse être librement accessible, mais aussi par certains médias étrangers.

Sauf qu’en y regardant de plus près, de nombreux éléments permettent de conclure que ce site internet n’a pas été créé par le Hamas, mais qu’il s’agit plus vraisemblablement d’une «satire», visant à exposer les atrocités commises par le groupe terroriste le 7 octobre, comme l’explique le quotidien israélien Haaretz. Le véritable site du Hamas utilise d’ailleurs l’extension palestinienne «.ps» et est actuellement hors ligne.

Le site se félicite par exemple que l’organisation ait tué «des enfants sionistes» voire «brûlé vif des bébés». Un bilan macabre fièrement annoncé, alors que les dirigeants du Hamas nient les massacres de civils perpétrés en Israël le 7 octobre, en dépit d’innombrables preuves.

Le porte-parole du gouvernement israélien, Eylon Levy, a par ailleurs également partagé le lien vers le site avec un commentaire acide : «Enfin, le Hamas a un site Internet digne du XXIe siècle.»

Ensuite et surtout, ce sont exclusivement des comptes pro-israéliens qui ont diffusé le lien vers le site en premier et non des comptes proches du Hamas. C’est le cas notamment d’un ancien pilote de Tsahal et entrepreneur israélien dans la tech, qui a partagé huit fois le lien avec un commentaire en anglais sur la seule journée du 16 novembre (soit quatre jours avant que le compte officiel d’Israël ne le relaye). A noter que son blog personnel est hébergé par la plateforme israélienne de blog Wix, tout comme l’était le site Hamas.com (mais aussi de nombreux autres sites). Un autre internaute, un rabbin américain, avait partagé le même lien quelques heures plus tôt, sur Twitter (renommé X) également, avec un commentaire en espagnol cette fois. Contactés par CheckNews, les deux hommes n’ont pas encore donné suite à notre sollicitation.

Et ce sont ensuite les comptes officiels d’Israël qui ont «amplifié» la circulation du lien : les trois pages qui ont le plus contribué à sa diffusion sur Facebook sont les comptes des ambassades d’Israël en Allemagne, en Italie et en Ukraine.

Alors qui se trouve derrière ce site web ? Selon le média israélien Yediot Aharonot, «une organisation philanthropique privée a acheté le domaine» et l’a «transféré à des militants israéliens de défense de la société civile» qui ont créé le faux site du Hamas.