«Si des propos ont blessé et été mal interprétés, je les regrette. Cela fait trois ans que je défends de toutes mes forces la police et la gendarmerie». Ainsi s’est défendu le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, mardi, auprès du site Actu 17, après son audition devant la commission des lois du Sénat, mercredi 5 juillet, qui avait choqué une partie des syndicats policiers.
«Souvent des enfants»
Devant les parlementaires, le ministre avait affirmé, en réponse à une question de la sénatrice de Paris Marie-Pierre de La Gontrie (PS) : «Ceux que nous recrutons, c’est souvent des enfants, pour reprendre votre mot, de 18, de 19, de 20 ans, qui n’ont pas fait de grandes études et qui choisissent le service de la nation par la police et la gendarmerie. Je ne suis pas à la tête du ministère de la Justice où les gens passent des concours à bac +4, bac +5.»
En déplacement – le même jour que son interview à Actu 17 à l’école de police d’Oissel (Seine-Maritime), il a détaillé le niveau d’études des jeunes recrues dans la police : «60 % des gardiens de la paix ont le bac, 20 % ne l’ont pas. 80 % d’entre eux ont donc, soit le bac, soit un niveau inférieur. Je constate que pour passer les concours de la magistrature, ou pour entrer à l’Ecole nationale de la magistrature par exemple, il faut au minimum un niveau bac +4.»
«Milieu modeste»
Contacté le lendemain par CheckNews, le cabinet du ministre affirme que ces données datent de cette année et sont issues de la Direction générale de la police nationale (DGPN). Et de livrer des chiffres légèrement différents de ceux du ministre dans leur libellé : «60 % ont le niveau bac [contre «ont le bac» pour Darmanin, ndlr], 20 % ont une formation supérieure à bac +2 et 20 % n’ont pas le Bac.»
Sur le site de recrutement de la police nationale, il est néanmoins indiqué que pour s’inscrire en tant que candidat pour le concours du gardien de la paix, il faut être titulaire du baccalauréat (ou équivalent), ou un diplôme de niveau 4 (niveau bac). D’où sont donc issus les 20 % de recrues qui n’ont pas le Bac ? Il s’agit de personnes qui ont passé «des concours internes (ils étaient policiers adjoints) ou d’anciens militaires qui ont bénéficié de procédures particulières», précise le cabinet du ministre.
A Actu 17, Gérald Darmanin a également fait part de son propre parcours : «Moi-même étant issu d’un milieu très modeste, sans grand diplôme, il n’y a aucune volonté de blesser, bien au contraire.» Ce dernier est pourtant diplômé, en 2007, de l’Institut d’études politiques (IEP) de Lille.
Anna Cuaz et Anaïs Martinez
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le CFPJ pour le journal d’application de la promotion 64.