Question posée par Litana le 28 février.
Déployé depuis 2014, le DAB (de l’anglais «Digital Audio Broadcasting») est un système de radiodiffusion numérique, contrairement à la diffusion FM, qui est, elle, analogique. Dans un discours du 6 février au Paris Radio Show, Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom, estime que «plus de 60 % de la population métropolitaine devrait être couverte par cette norme de diffusion fin mars».
Un déploiement qui suscite des inquiétudes pour ceux qui souhaitent continuer à bénéficier de la bande FM. Avec un précédent : celui du déploiement de la télévision numérique terrestre (TNT) qui a provoqué l’arrêt de la diffusion en analogique. Mais le passage au DAB n’est lui pas synonyme de l’arrêt de la bande FM, assure l’Arcom sur son site : la technologie DAB + (le standard actuellement déployé) «présente l’avantage de pouvoir coexister avec le mode de diffusion “traditionnel” de la radio, à savoir la bande FM. La radio numérique terrestre peut ainsi fonctionner de pair avec la diffusion FM, là où la TNT avait remplacé très rapidement la diffusion analogique de la télévision en France».
«Il reste encore beaucoup de trous dans le gruyère»
«Supprimer maintenant la bande FM serait prématuré et préjudiciable, autant pour les radios que pour les auditeurs», explique à CheckNews Alain Liberty, directeur des Affaires Institutionnelles et directeur de l’Antenne d’Europe 1. Et ce, pour deux raisons. Tous les Français ne sont pas équipés de récepteurs compatibles et l’ensemble du territoire n’est pas couvert par le DAB. Selon des chiffres communiqués par l’Arcom, chaque mois, 20 millions de Français écoutent la radio par le DAB sur les 40 millions d’auditeurs.
Une adoption limitée, notamment liée au taux d’équipement. Ce n’est en effet que depuis 2021 et une directive européenne, que les puces DAB + sont par exemple obligatoires dans les voitures neuves. Résultat : «Seul un tiers des voitures françaises disposent d’un récepteur DAB + aujourd’hui. Au vu de la faible vitesse à laquelle se renouvelle le parc automobile français, il faudra attendre quelques années avant que les deux tiers restants soient équipés», poursuit Alain Liberty. En outre, l’ensemble du territoire français est loin d’être couvert par des émetteurs DAB. «En dehors des grands axes autoroutiers et des grandes villes, il y a encore beaucoup de trous dans le gruyère.»
Contactée par CheckNews, l’une des plus grandes radios de l’Hexagone confirme «qu’il n’y a pour l’instant aucun calendrier sur la fin de la FM et que la priorité est la bascule entre la FM et le DAB +. Après, si vous me demandez si la FM existera encore dans quinze ans, ça, je ne sais pas puisque le coût d’une double diffusion n’est pas pérenne». Lors d’une table ronde organisée le 25 février 2023 par la Commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport du Sénat, son président Laurent Lafon rappelait que le financement d’une «double diffusion en DAB + et en FM n’est pas à la portée de toutes les radios».
Nombreux avantages
Le «gendarme de l’audiovisuel» décline plusieurs avantages au déploiement de la DAB. Hervé Godechot, membre de l’Arcom, vante «un son de qualité, pas d’interférence, la sélection des stations par leur nom et non plus par leur fréquence et jusqu’à deux fois plus de stations disponibles en DAB + par rapport à la FM». Le DAB + permet aussi d’obtenir plus d’informations comme le titre d’un morceau diffusé, le nom d’une émission, son animateur. Enfin, si les zones traversées sont couvertes par le DAB, cette nouvelle technologie de radiodiffusion permettra «une meilleure continuité d’écoute en mobilité», poursuit Hervé Godechot.
A noter que si la suppression de la bande FM n’est pas d’actualité en France, la situation est différente dans d’autres pays européens. La Norvège est ainsi le premier pays au monde à avoir arrêté de diffuser en FM pour ses stations nationales – les stations locales continuant à diffuser en FM. La Suisse, quant à elle, prévoit de débrancher sa diffusion en FM à la fin de l’année 2024.