L’équilibre financier de la réforme des retraites a du plomb dans l’aile. Interrogé samedi par le Parisien, le ministre du Travail a reconnu un «léger déficit de 300 ou 400 millions d’euros en 2030, [….] dans l’état actuel de la réforme». Plusieurs concessions faites jusqu’ici par la majorité à la droite, dont un assouplissement du dispositif carrières longues (pour 700 millions d’euros, selon le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran), sont en effet insuffisamment compensées par des mesures comme la surtaxation des ruptures conventionnelles (+250 millions). D’autant que la facture va encore s’alourdir avec un amendement en débat au Sénat ouvrant la possibilité, pour les mères de famille, de surcoter au-delà de 43 annuités, avant même d’atteindre le futur âge légal de 64 ans. Une dérogation à laquelle le ministre du Travail ne semble pas opposé, et dont le coût est estimé à 300 millions d’euros par Matignon. Bref, l’addition, pour l’heure, approche davantage les 700 millions d’euros que les 300 à 400 millions évoqués par Dussopt.
Contacté par CheckNews, son cabinet indique toutefois qu’«il ne s’agit pas d’une annonce d’un déficit, mais d’un état des lieux […] à ce stade de la procédure parlementaire». Avant d‘ajouter : «Nous conservons l’objectif d’équilibre, [et] nous actualiserons les tableaux financiers au cours des discussions parlementaires.»
Lors de la présentation de réforme en janvier, le déficit attendu de 13,5 milliards d’euros en 2030 était annoncé comme entièrement résorbé, dans le cadre d’un montage associant des mesures d’économies et de dépenses.
Au chapitre des économies, le report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, ainsi que l’accélération de l’augmentation de la durée de cotisations prévue par la réforme Touraine, étaient censés rapporter 17,7 milliards d’euros. S’y ajoutaient 1,7 milliard de cotisations (transferts de cotisations de la caisse Accidents du travail/Maladies professionnelles ou hausse pour la CNRACL), pour un total économies-recettes de 19,4 milliards. Au chapitre des dépenses figuraient diverses mesures d’accompagnement, comme le maintien de l’âge légal de départ à 62 ans pour les invalides ou inaptes, ou encore la hausse du minimum contributif, représentant au total 5,9 milliards. Soit, in fine, des recettes nettes de 13,5 milliards censées combler le déficit du même montant en 2030.