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Retrait de Joe Biden : attention à ces fake news autour de Kamala Harris

Après l’annonce du retrait de la candidature de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis, plusieurs fausses informations ont émergé autour de sa vice-présidente, Kamala Harris, qu’il soutient pour lui succéder.
Kamala Harris, à la Maison Blanche, le 3 juin 2021. (Evelyn Hockstein/Reuters)
publié le 22 juillet 2024 à 19h46

Il n’aura fallu qu’une demi-heure à Joe Biden, après qu’il a annoncé dimanche renoncer à briguer un deuxième mandat présidentiel, pour apporter son soutien à Kamala Harris. Et à peu près aussi peu de temps pour que se répandent sur la toile rumeurs et fake news à son sujet, que ce soit de la part de ses opposants ou de ses soutiens. CheckNews revient sur trois fausses informations qui circulent sur la probable future candidate démocrate à la présidence des Etats-Unis.

Jeffrey Epstein a posé avec Kamala Harris sur une photo ?

C’est une photo qui circule chez les internautes pro-Trump, comme dans cette publication sur X qui totalise près de 80 000 vues. Sur ce cliché, on peut voir Kamala Harris poser, sourire aux lèvres, aux côtés de Jeffrey Epstein, homme d’affaires et criminel sexuel américain. Mais il s’agit d’un photomontage, qui circulait déjà en 2021. La fake news n’a pas manqué d’être rapidement débunkée, ce dimanche, par un journaliste de la BBC.

Grâce à une simple recherche d’image inversée, on trouve la photo originale qui n’est autre qu’une photo de Kamala Harris avec son mari Douglas Emhoff, prise lors du dîner d’ouverture d’un musée d’art contemporain à Los Angeles, le 17 septembre 2015. Lorsque l’on regarde attentivement la photo truquée, on constate d’ailleurs que la chevelure noire du mari de Kamala Harris dépasse légèrement des cheveux gris de Jeffrey Epstein.

L’équipe de la colistière avait préparé en amont un clip de campagne anti-Trump ?

Les partisans de la candidate démocrate s’enorgueillissent d’un clip de campagne mettant en scène l’opposition entre Kamala Harris et Donald Trump. «Elle [Kamala Harris, ndlr] a poursuivi des prédateurs sexuels, il [Trump] en est un», assure ainsi une voix off sur fond de musique rythmée. Certaines publications sur X avancent ainsi qu’il s’agit d’un clip de campagne de Kamala Harris dans la course à la présidentielle, d’autres assurent même qu’il s’agit du premier clip à être diffusé pour sa campagne.

Pourtant, on retrouve strictement le même slogan sur le compte Twitter de Kamala Harris, dans une publication datant du 20 novembre 2019. En réalité, il s’agit d’un clip diffusé par l’équipe de Kamala Harris en appui à sa candidature lors des primaires démocrates de 2020, avant qu’elle n’y renonce en décembre 2019.

Elle ne pourrait pas se présenter à la présidence des Etats-Unis car elle ne serait pas «une citoyenne étasunienne de naissance» ?

Dans une publication X visionnée plus d’un million de fois, un compte pro-Trump assure que Kamala Harris ne peut pas prétendre à la présidence des Etats-Unis, ni à la vice-présidence d’ailleurs, du fait qu’elle ne serait pas «citoyenne de naissance».

Pour appuyer cette affirmation, l’internaute se fonde sur l’analyse du professeur de droit John Eastman, faite en août 2020. Mais il oublie de mentionner que ce même John Eastman a été l’avocat de Donald Trump, d’une part, et d’autre part qu’il est actuellement en délicatesse avec la justice, accusé d’avoir tenté d’inverser les résultats de l’élection présidentielle américaine de 2020 en Arizona, où Biden l’avait emporté. Son analyse se fonde sur le fait que seuls les «citoyens de naissance» peuvent prétendre à la présidence des Etats-Unis et que cette citoyenneté de naissance est définie par le fait d’être né aux Etats-Unis et d’être soumis à la juridiction «complète» du pays. C’est-à-dire, selon lui, d’avoir des parents non dotés d’un simple visa temporaire. John Eastman avance ainsi dans son article que les parents de Kamala Harris pourraient avoir été dans cette situation au moment de la naissance de leur fille.

Cette analyse a déjà été débunkée par nos confrères de l’AFP en 2020. Ils expliquent ainsi que si les parents de Kamala Harris sont nés en Jamaïque, pour son père, et dans le sud de l’Inde, pour sa mère, cela ne constitue pas, aux yeux de la Constitution, un obstacle à la présidence des Etats Unis.

L’article 2, section I de la Constitution américaine énonce ainsi que «nul autre qu’un citoyen né aux Etats-Unis ou un citoyen des Etats-Unis ne peut être élu à la présidence. Il faut également avoir au moins 35 ans». Deux critères remplis par Kamala Harris.

Par ailleurs, l’article 2 du 14e amendement définit que «toutes les personnes nées ou naturalisées aux Etats-Unis, et soumises à leur juridiction, sont citoyens des Etats-Unis». En vertu de cette clause et d’une décision de la Cour suprême de 1898, «toute personne née sur le sol américain et soumise à sa juridiction est un citoyen né aux Etats-Unis, quelle que soit la nationalité de ses parents», déclare le Legal Information Institute de la Cornell Law School. Selon cette définition, Kamala Harris est donc bien une citoyenne étasunienne et possède donc les critères nécessaires pour briguer la présidence.