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Salon de l’agriculture : le gilet jaune Ritchy Thibault a-t-il passé 50 heures en garde à vue pour avoir interpellé Macron ?

Les agriculteurs en colèredossier
Le jeune militant sera jugé en août prochain pour «menace de mort contre un élu». L’Elysée a indiqué sa volonté de porter plainte à son encontre.
Capture d'écran de la vidéo publiée le 26 février 2024 par Ritchy Thibault sur son compte X.
publié le 28 février 2024 à 15h01

Des huées et des heurts. Samedi 24 février, la visite du président de la République au Salon de l’agriculture a été mouvementée. Et au final, six manifestants ont été interpellés. Parmi eux, Ritchy Thibault, jeune militant, gilet jaune, étudiant en histoire et collaborateur du média indépendant Au poste, créé par le journaliste David Dufresne. Une vidéo de la Luciole, un autre média indépendant (qu’il a cofondé), publiée le jour même, le montre juché en hauteur, les mains en porte-voix, en train de crier, à l’adresse du président : «L’éborgneur, n’oublie jamais que nous sommes dans le pays de la Révolution française, le pays qui fait tomber la tête des monarques !»

Aussitôt après sa prise de parole, il est violemment interpellé par les forces de l’ordre. Lundi 26 février, sur le réseau X, l’étudiant publie une vidéo dans laquelle il explique : «Je viens de sortir de cinquante heures de détention dans les geôles du pouvoir macroniste. Tout ça parce que j’étais présent au Salon de l’agriculture et [que] j’ai commis un crime de lèse-majesté.»

Dans la foulée, certains comptes militants, à l’image de Contre-Attaque, ont indiqué que Ritchy Thibault avait effectué «50 heures de garde à vue». Une information étonnante puisque la durée maximale autorisée de cette mesure privative de liberté, dans le droit commun, est de 48 heures. Ce délai pouvant être dépassé lorsqu’elle concerne des affaires de terrorisme.

46 heures de garde à vue, deux heures trente de déferrement

En réalité, bien que la garde à vue du militant ait été prolongée une fois, elle n’a pas formellement atteint 50 heures, ni même 48 heures – restant ainsi dans les bornes du droit commun. Auprès de CheckNews, Ritchy Thibault précise : «J’ai été interpellé à 15 h 30 le samedi, puis emmené au commissariat du XIIIe arrondissement. Ma garde à vue s’est terminée vers 13 h 30, ce lundi. Elle a duré environ 46 heures.» Il ajoute : «Mais je n’ai pas tout de suite retrouvé la liberté, car j’ai été déféré dans les geôles du tribunal pour être présenté au procureur, puis au juge des libertés, vers 16 heures.» Ce que confirment à CheckNews à la fois son avocat, Alexis Baudelin, et le parquet de Paris.

Sur le fond de l’affaire, Ritchy Thibault a initialement été interpellé pour «trouble à l’ordre public» et «outrage à agent dépositaire de l’autorité publique». Deux qualifications qui sont finalement tombées durant la garde à vue, pour être remplacées par celle de «menaces de mort ou d’atteinte aux biens dangereuse pour les personnes à l’encontre de monsieur Emmanuel Macron, personne investie d’un mandat électif public, dans l’exercice ou du fait de ses fonctions». Des faits passibles d’une peine de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende, que l’étudiant conteste : «Je n’ai en rien proféré une menace de mort, ce n’était pas mon intention. L’expression “faire tomber la tête d’un monarque” existe au sens figuré, et c’est dans ce cadre que je l’ai employée.»

Plainte de l’Elysée

A noter que dans ce dossier, le directeur adjoint de cabinet du président de la République a annoncé sa volonté de déposer une plainte (dans un courrier consulté par CheckNews) au nom d’Emmanuel Macron suite à des «propos particulièrement injurieux et menaçants envers celui-ci». Sollicité, l’Elysée n’a pas réagi.

Ritchy Thibault sera finalement jugé au mois d’août prochain, devant la 28e chambre correctionnelle. Un contrôle judiciaire, requis par le procureur, n’a finalement pas été mis en place par le juge des libertés, «en raison de l’absence d’antécédents judiciaires» du concerné, nous confirme le parquet.