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Signal perdu, crash, Abou Dhabi, Moscou… Après la chute de Bachar al-Assad, les rumeurs et suppositions autour de sa fuite

Alors que le dictateur a fui la Syrie dans la nuit de samedi à dimanche, les spéculations se sont multiplié dans la journée, notamment via les données de Flightradar. En début de soirée, dimanche, des médias russes ont affirmé que Bachar al-assad et sa famille avaient rallié Moscou.
Le portrait amoché du président déchu Bachar al-Assad à Hama, le 6 décembre après la prise de la ville par des rebelles syriens. (Omar Haj Kadour/AFP)
publié le 8 décembre 2024 à 17h39

Si la chute de Bachar al-Assad, survenue à l’issue de l’offensive éclair des groupes rebelles syriens dans plusieurs villes du pays, ne fait plus de doute, la question du départ, et de la localisation du dictateur s’est posée dans la journée de dimanche, étant l’objet de nombreuses spéculations. Autour de 19h, les médias d’État russes ont assuré que le président syrien déchu Bachar al-Assad était arrivé à Moscou, ainsi que sa famille.

Dans la matinée de dimanche plusieurs sources avait assuré que le dictateur déchu avait bel et bien quitté la Syrie. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) avait d’abord annoncé que Bachar al-Assad avait fui le pays dimanche matin, avant que la Russie, son soutien de la première heure, ne confirme, via l’agence de presse du Kremlin, indiquant qu’Al-Assad avait «démissionné de son poste et quitté la Syrie».

Dimanche en milieu de matinée, l’agence Reuters citait deux officiels de l’armée syrienne précisant que le dictateur avait décollé en avion depuis l’aéroport de Damas. Ce qu’avait également confirmé le porte-parole de l’OSDH. La destination de l’appareil demeurait, en revanche inconnu.

Traces de l’avion perdue

Les données du site Flightradar, qui permet de suivre en direct le trafic aérien dans le monde, avaient bien noté le départ de Damas, dans la nuit de samedi à dimanche, d’un avion-cargo Ilyushin IL-76T. Le suivi de ce vol avait donné lieu à des spéculations autour d’un potentiel crash de l’avion de Bachar al-Assad.

Sur le site, on constate en effet que l’avion décolle de Damas à 1h59 UTC (2h59 heure de Paris), prenant la direction du nord-ouest de la Syrie – zone dont Reuters souligne qu’il s’agit «d’un bastion de la secte alaouite de Bachar al-Assad». A 2h25 UTC, l’appareil survole la ville de Homs, tombée la veille aux mains des rebelles. Une minute plus tard, l’avion opère un brusque demi-tour complet. En quelques minutes, les données d’altitude démontrent une anomalie : de 20 000 pieds (6 000 mètres environ), l’altitude tombe à 4 750 pieds dix minutes plus tard, pour attendre 1 625 pieds à 2h39 UTC, moment où les données sont interrompues et où la trace de l’avion est perdue.

Auprès de Reuters, plusieurs sources avaient évoqué la piste d’un crash : «deux sources syriennes disent qu’il y a une très forte probabilité qu’Al-Assad ait été tué s’il était dans l’avion, puisqu’il a effectué un demi-tour surprise et a disparu de la carte. Il a disparu des radars, c’est peut-être le transpondeur [appareil émetteur-récepteur des signaux, ndlr] qui s’est déconnecté mais je crois que la plus forte probabilité est que l’avion a été abattu, indique une source syrienne sans apporter de détails.»

Dans la matinée, l’équipe de Flightradar avait apporté quelques précisions sur ses données, sans être en mesure de confirmer qu’un crash a bien eu lieu. Elle indiquait : «Le vol a décollé de Damas et le signal a été perdu près de Homs. Nous pouvons confirmer que le vol a bien eu lieu. L’appareil était vieux, avec un transpondeur ancienne génération, donc des données peuvent être endommagées ou manquantes. Il volait dans une zone GPS perturbée, ce qui peut aussi endommager les données. Mais nous pensons quand même que les données en général sont une bonne indication du vol de cet appareil.» Flightradar ajoutait qu’il n’avait pas «connaissance d’un aéroport dans la zone où le signal a été perdu».

Mais comme Reuters le précisait, il était impossible d’être affirmatif sur la présence du dictateur, avec ou sans sa famille, à bord de cet appareil. En outre, et surtout, aucune carcasse d’avion autour de Homs n’avait été repérée, depuis que l’hypothèse du crash a été formulée.

Un autre vol pour Abou Dhabi a attiré l’attention

Dans le même temps, l’hypothèse d’un autre trajet emprunté par Al-Assad avait émergé parmi les observateurs : celle d’un vol en direction d’Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, également soutiens du dictateur.

Toujours sur Flightradar, un autre vol avait ainsi attiré l’attention. Il s’agit du jet Embraer Legacy 600 C5-SKY, en provenance d’Abou Dhabi. Ce dernier décolle des Emirats à 21h29 UTC le 7 décembre et atterri au nord-ouest de Homs à 00h35. Il ne reprend du service que plusieurs heures plus tard, à 6h29 UTC, vers Abou Dhabi, où il atterrira un peu avant 9 heures UTC. Les observateurs qui s’intéressent à ce vol notent la présence d’une base aérienne russe non loin de là, sur la côte, à Hmeimim. Le tracé de Flightradar, cependant, ne semble pas aller jusque-là, si tant est que les données GPS permettraient de le voir.

Il était impossible là encore, toutefois, de savoir qui se trouvait à bord de cet appareil.