«Le SNU, plus ça va, plus ça ressemble à la septième compagnie au pays des neuneus !» C’est en ces termes que le compte du collectif d’enseignants «les Stylos rouges» a fustigé, le 26 février sur le réseau X, une vidéo publiée par le rectorat de Montpellier. D’une durée de quinze secondes, elle montre plusieurs dizaines de jeunes en rang, en uniforme, réaliser une chorégraphie sur le chant religieux de gospel américain Oh Happy Day. Et lever les bras, en rythme, sur les paroles «When Jesus washed» («quand Jésus m’a lavé» [de mes pêchés], en français).
Alors que la généralisation du Service national universel (SNU) souhaitée par Gabriel Attal afin de «renforcer l’unité républicaine de notre jeunesse» n’en finit plus de faire débat, le collectif les Stylos rouges souligne dans cette séquence ce qu’il estime être une entorse à la laïcité. Et d’écrire : «Oh Happy Day est un chant religieux à la gloire de Jésus ! Si jamais un enseignant avait fait un tel affront à la laïcité, il aurait été immédiatement convoqué.» Cette vidéo a rapidement été supprimée par le compte de l’académie. «Un problème avec le respect de la laïcité ?» questionne encore le compte d’enseignants.
Le dsden34 vient de supprimer son post... Un problème avec le respect de la laïcité ?
— Les Stylos Rouges (@stylos_les) February 26, 2024
On va continuer à la partager, et oui, la 7 ième compagnie a un nouvel épisode : "Jésus est grand, vive le SNU !" pic.twitter.com/nU8bVqiNyC
Sollicité par CheckNews, le rectorat de Montpellier confirme que cette scène, authentique, s’est tenue au centre SNU de Palavas-les-Flots, dans l’Hérault, où étaient réunis «près de 160 jeunes volontaires» du 12 au 24 février. Il précise : «Afin de clôturer ce séjour de cohésion, les jeunes volontaires ont réalisé un flash mob. Le support musical utilisé est le chant Oh Happy Day, chant gospel américain. S’il s’agit historiquement d’un chant religieux, Oh Happy Day est considéré aujourd’hui comme un standard de la culture populaire.»
Le rectorat indique toutefois «comprendre que le choix de ce support musical et la publication sans contextualisation puissent être discutés. L’intention première de ce post était bien entendu de mettre en avant la cohésion et la fraternité de ce groupe de jeunes, reflet de l’expérience humaine vécue pendant ce temps de vie en commun». Il poursuit : «Compte tenu des réactions hostiles susceptibles de blesser les jeunes que nous souhaitions valoriser, la vidéo a été aussitôt dépubliée.» Mais tient à «réaffirmer l’importance du respect de la laïcité».