Question posée par Smith le 22 septembre,
Bonjour,
Une interpellation tendue sous les cris de la foule. Vous nous interrogez sur l’arrestation, filmée par de nombreux smartphones, du docteur retraité Jean-Paul Théron à Paea, une commune de Tahiti, en Polynésie Française. La scène, qui s’est déroulée lundi 20 septembre, montre l’homme encerclé par plusieurs gendarmes, emmené à grand-peine vers la voiture qui le doit conduire au commissariat. Autour de lui, de nombreuses personnes rassemblées crient : «Lâchez-le !» ou «Laissez-le tranquille !»
Les images ont tôt fait d’arriver en métropole, où un tweet viral relaye l’interpellation en question avec ce commentaire : «Visé par une plainte du conseil de l’Ordre des médecins. Son délit, il traite avec le protocole du Pr Raoult à base d’ivermectine. Honteux.» Plusieurs personnalités dénoncent quant à elles une interpellation «épouvantable». Florian Philippot, notamment, s’insurge dès le lendemain contre une «arrestation choquante par la gendarmerie en Polynésie française d’un médecin, JP Théron, dont le grand tort est d’appliquer le traitement du Pr Raoult».
Arrestation choquante par la gendarmerie en Polynésie française d’un médecin, JP Théron, dont le grand tort est d’appliquer le traitement du Pr Raoult. Épouvantable !
— Florian Philippot (@f_philippot) September 20, 2021
Notre pays est dans un état de délabrement moral jamais vu. Il va nous falloir beaucoup de courage. ⤵️ pic.twitter.com/UXOyNixTJT
Même son de cloche du côté de l’ancienne députée LREM Martine Wonner, figure du mouvement anti-vaccin, qui fait mine de s’interroger : «Est-ce un délinquant que la police municipale arrête ? Non, c’est un médecin dévoué, engagé et consciencieux qui de surcroît soignait, pour éviter les hospitalisations.»
Dans les faits, Jean-Paul Théron, à la retraite depuis juin 2020 et non conventionné par la caisse de prévoyance sociale, est bien visé par une plainte de la présidence de Polynésie française, qui a saisi la chambre disciplinaire de l’ordre des médecins le 9 décembre 2020. Dans cette plainte, que CheckNews a pu consulter, la présidence pointe «des manquements divers et répétitifs au code de déontologie». Il est notamment reproché au docteur Théron d’avoir prescrit de l’hydroxychloroquine en dehors du cadre d’un protocole uniquement appliqué au centre hospitalier de Polynésie française et d’avoir «soigné 140 patients au Plaquénil». La présidence le soupçonne de s’être «inscrit dans une démarche de recherche observationnelle ou d’expérimentation personnelle». Et de s’interroger : «Comment exerce-t-il la médecine ? M. Théron n’est pas conventionné par la CPS. Dispose-t-il d’un cabinet ? Ou fait-il de l’exercice de médecine foraine ? Ce qui impliquerait l’absence de cabinet, de moyens techniques adaptés.»
Agressions verbales et physiques
Mais cette plainte de l’ordre des médecins n’est pas directement à l’origine de l’interpellation. Dans une conférence de presse (disponible en intégralité sur le site de Radio1) donnée lundi, Hervé Leroy, procureur de la République de Papeete, a détaillé les événements. L’élément déclencheur intervient le jeudi 16 septembre. «Un clerc d’huissier s’est présenté au domicile de monsieur Théron pour lui signifier des actes», précisément dans le cadre de la procédure disciplinaire initiée par l’Ordre. «D’après ses déclarations, il aurait été agressé verbalement et physiquement par M. Théron qui lui aurait jeté un objet métallique lourd. Ce clerc d’huissier a subi une incapacité de travail totale de huit jours et a été particulièrement choqué psychologiquement.» Dans la foulée, une plainte est déposée et une enquête ouverte.
Le samedi suivant, indique le procureur, «les gendarmes en charge de l’enquête se sont présentés à son domicile afin de l’inviter à se présenter dans leurs locaux pour être entendu. Ils ont été agressés verbalement et ont été outragés par monsieur Jean-Paul Théron». Des faits qui ont donc donné lieu à une nouvelle tentative d’interpellation, lundi matin – celle-là même dont les images ont massivement circulé sur les réseaux sociaux. Jean-Paul Théron a ensuite été placé en garde à vue pour des faits de «violences volontaires sur personne chargée de mission de service public avec arme par destination ayant entraîné une ITT égale à huit jours» et «outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique, en l’espère des militaires de la gendarmerie». Hervé Leroy «tien[t] à souligner qu’en aucun cas Jean-Paul Théron ne fait l’objet de cette procédure judiciaire que je diligente pour des faits liés à son activité de médecin. Il est tout simplement objet de cette procédure en raison des infractions de droit commun qui ont été dénoncées». Le médecin à la retraite encourt une peine de cinq ans d’emprisonnement. Son avocat, Stanley Cross, contacté par CheckNews, n’a pas donné suite.
Affirmation à vérifier
Jean-Paul Théron, un docteur à la retraite de Tahiti, aurait été arrêté parce qu'il applique le traitement du Professeur Raoult.
Conclusion
En réalité, selon le procureur de Papeete, le docteur retraité a été interpellé pour des faits de violences aggravées et outrage.