Menu
Libération
CheckNews
Vos questions, nos réponses
CheckNews

Tentative d’assassinat de Trump : beaucoup de fake news et quelques inconnues

Après que l’ex-président des Etats-Unis a été blessé par balle, de nombreuses fausses informations ont émergé sur les réseaux sociaux. Plusieurs d’entre elles relèvent de la théorie du complot.
Le candidat et ex-président américain Donald Trump juste après avoir été touché par un tir de balle, samedi 13 juillet à Butler (Pennsylvanie). (Brendan McDermid/REUTERS)
publié le 15 juillet 2024 à 18h06

En plein discours en Pennsylvanie, samedi 13 juillet, l’ancien président et candidat à la Maison Blanche Donald Trump a été blessé par balle à l’oreille. Une tentative d’assassinat qui a donné lieu à l’émergence rapide de théories complotistes et de fausses informations intentionnelles, parfois reprises par les médias traditionnels. CheckNews fait le point sur les fake news diffusées à cette occasion, mais aussi sur les zones d’ombre et sur ce qui a été, depuis, vérifié et établi.

Trump touché par un éclat plutôt que par une balle ?

Une version selon laquelle Donald Trump aurait été touché non pas directement par une balle, mais par un éclat de l’écran de ses prompteurs, a été largement commentée sur les réseaux sociaux. Preuve en est : une photo qui montrerait un impact sur l’écran, à droite de l’ancien président.

Les différentes photos, notamment extraites du live du meeting et prises par la photographe Anna Moneymaker, montrent pourtant que les deux écrans semblent intacts. Une version de meilleure qualité du cliché évoqué ci-dessus montre qu’il s’agit vraisemblablement d’un effet d’optique.

De son côté, l’ancien président américain a déclaré sur sa plateforme, Truth Social, que la «balle a transpercé la partie supérieure de son oreille droite». Une photo du New York Times montre notamment que Donald Trump saignait déjà avant d’être plaqué au sol par ses officiers de sécurité.

Une fausse image montrant la trajectoire de la balle ?

D’autres internautes ont supposé qu’une photo, montrant ce qui ressemblait à une trajectoire de balle à quelques centimètres de la tête de Donald Trump, était un montage.

L’image, prise par le photographe du New York Times Doug Mills, est pourtant bien réelle. Comme l’explique le quotidien étasunien, qui a interrogé un ancien agent du FBI à ce sujet, le cliché montrerait bien le déplacement de l’air engendré par l’une des balles tirées vers le président. L’agent relève toutefois que la course de celle-ci est trop basse pour être la balle qui a transpercé le haut de l’oreille de Donald Trump.

L’auteur présumé de la tentative d’assassinat a revendiqué son geste dans une vidéo ?

Le suspect a été abattu quelques secondes après ses tirs par les forces de l’ordre américaines. A la recherche de son identité, des internautes ont accusé à tort plusieurs personnes d’être le principal suspect, entraînant parfois avec eux des reprises dans des médias.

Plusieurs d’entre eux (en France, c’est le cas du Parisien, qui s’est ensuite corrigé) ont ainsi diffusé l’image d’un homme aux longs cheveux blonds. Dans une vidéo filmée à bord d’une voiture, il déclare : «Mon nom est Thomas Matthew Crooks. Je déteste les républicains. Je déteste Trump. Et devinez quoi ? Vous vous êtes trompé de personne.»

Ces images ont été postées sur le réseau social X dans la soirée du samedi 13 juillet par le compte @jewgazing. Elles ont été publiées après les tirs sur Donald Trump, qui ont eu lieu samedi, à 18h08, heure locale. Le compte a depuis changé de nom et supprimé les tweets contenant la photo et la vidéo. En consultant les messages postés après la tentative d’assassinat, on peut noter que l’intéressé avait d’abord constaté une ressemblance physique avec une photographie postée de Thomas Matthews Crooks, qui circulait déjà sur les réseaux sociaux. Avant de faire croire à ses abonnés qu’il allait s’acheter le même tee-shirt. Et promettait de réaliser une vidéo.

Le compte en question revendique avoir «trollé tout le monde» avec ces images. «Mon ancien patron m’a envoyé un texto pour me dire qu’il avait failli se pisser dessus en me voyant aux informations», s’amuse l’internaute, qui demande désormais à ses abonnés de lui envoyer «des captures d’écran de comptes affichant mon visage. Merci de m’envoyer un message ou un commentaire pour m’aider à monter le dossier».

Un antifa auteur du tir ?

Une autre photographie du tireur présumé a suscité différentes théories sur son identité. A partir du visage ensanglanté de l’homme gisant sur le toit, des internautes, dont des comptes influents soutenant Donald Trump (comme le Comité Trump France), ont affirmé que le véritable nom du tueur serait Maxwell Yearick et qu’il s’agirait d’un militant antifasciste.

Maxwell Yearick est un homme de 37 ans qui avait été condamné à une peine de prison pour avoir été impliqué dans une altercation avec des policiers lors d’un rassemblement anti-Trump à Pittsburgh, en 2016. Cette théorie repose uniquement sur la ressemblance entre le cadavre et la photo d’identité judiciaire de Yearick. L’auteur des tirs sur Donald Trump ce 13 juillet a été identifié par le FBI comme étant Thomas Matthew Crooks, un jeune homme âgé de 20 ans.

Le tireur repéré en amont par le public ?

Plusieurs messages et vidéos publiés sur les réseaux sociaux ont mis en cause le manque de réactivité des forces de sécurité durant le meeting. S’appuyant sur des vidéos amateur, des internautes affirment que le tireur avait été aperçu et signalé à la police deux minutes avant qu’il ne tire sur l’ancien président républicain.

La plus virale, d’une durée de 52 secondes, montre un groupe de badauds en train de suivre le meeting derrière une grille. Donald Trump est en train de parler à la foule. L’homme qui filme remarque la présence d’un homme sur le toit d’un bâtiment. «Regardez, ils pointent tous du doigt. Quelqu’un est sur le toit ! Regardez ! Il est là, juste là ! Là, tu le vois ? Il est allongé.» La caméra zoome sur l’individu, qui apparaît distinctement. Sa présence est remarquée par d’autres personnes. Un homme dit : «Officier, lancez l’alerte !» Tandis qu’une voix de femme le signale en pointant du doigt : «Il est là sur le toit. Juste là ! Là sur le toit ! Il se lève !»

En comparant le discours de Donald Trump en fond sonore et son discours à Butler, en Pennsylvanie, il est aisé de synchroniser les deux scènes. On constate ainsi que le montage circulant sur les réseaux sociaux offre une chronologie correcte. Et que l’agitation décrite ci-dessus se déroule cinq minutes environ après le début du discours. Les premiers tirs ont lieu exactement deux minutes plus tard.

Les forces de l’ordre ont répondu à cette accusation de faible réactivité. Selon l’agence de presse américaine AP, deux représentants des forces de l’ordre ont confirmé que des manifestants avaient remarqué un homme grimpant sur le toit d’un bâtiment voisin et avaient prévenu la police locale, quelques instants avant les tirs. AP ajoute que, selon leur récit, «un agent de la police locale est monté sur le toit et a rencontré Crooks, qui a pointé son fusil sur lui. Le policier a reculé en descendant l’échelle, et Crooks a rapidement tiré en direction de Trump. Et c’est alors que les tireurs d’élite des services secrets l’ont abattu».

Quelle réaction du Secret Service et des policiers ?

Une partie des questionnements autour du temps de réaction des forces de l’ordre qui encadraient le meeting se concentre sur les équipes de tireurs d’élites, visibles dans de nombreuses séquences particulièrement virales. Ces agents du Secret Service équipés de fusils à lunette étaient chargés de protéger le candidat républicain. Certains les encensent, d’autres spéculent sur une défaillance.

Les deux binômes de tireurs d’élite en question sont visibles dans différentes photos et vidéos, sur le toit des granges devant lesquelles Donald Trump tenait son meeting. Ici au sud, et ici au nord.

Dans les deux séquences, on peut voir les différents tireurs regarder dans la direction du tireur. On voit l’agent du binôme nord avec trépied tressaillir aux premiers tirs, dans ce que certains interprètent comme un tir de riposte, sans qu’il soit possible de le confirmer. Les mouvements de canon du tireur en question, visibles dans cette vidéo plus longue, semblent néanmoins indiquer que ce sniper regarde hors de sa lunette de visée après les premiers tirs, avant de regarder dedans à nouveau, comme le montre une autre séquence. Ainsi que l’explique l’analyste Oliver Alexander sur X, il est possible qu’un arbre ait entravé la vision du binôme nord. Contrairement au binôme sud, en position de tir dès le début, bien que la séquence ne permette pas d’identifier clairement qui tire.

D’après la presse américaine, le tireur aurait été abattu par ces snipers, quelques secondes après les tirs.