Sur X, Instagram, TikTok, la séquence d’un enfant pourchassé, puis escorté et emmené dans une voiture de la police berlinoise a suscité de nombreuses réactions. Selon les internautes, l’enfant, âgé de 11 ans, aurait été arrêté pour avoir brandi un drapeau palestinien, en marge d’une manifestation propalestinienne qui s’est tenue samedi 21 septembre à Berlin. La police berlinoise dément et explique que l’enfant «a été pris en charge pour sa propre protection».

D’après un communiqué publié dimanche 22 septembre par les forces de l’ordre, il était seul et «non accompagné» en marge d’une manifestation où la police a noté de «graves atteintes à l’ordre public». Plus loin, les autorités expliquent que son père a été prévenu et qu’il est «venu le chercher quatre-vingt-dix minutes plus tard». Auprès de CheckNews, les forces de l’ordre de la capitale assurent que le garçon ne faisait l’objet d’«aucun soupçon de délit lors du rassemblement» du 21 septembre.

Dans une vidéo publiée le 23 septembre par Al Jazeera, le jeune garçon, «Ali», accompagné d’une personne qui se présente comme son oncle, conteste certains éléments de ce récit. Ali explique qu’«il avait peur de la police», notamment que les agents «[le] frappent». Son oncle, quant à lui, explique qu’il est chargé de l’organisation des manifestations et qu’il «accompagne toujours son neveu aux marches pour la Palestine», contredisant donc le fait que le jeune était seul.

Toutefois, plus tard dans la vidéo, l’homme explique qu’il «a laissé son neveu de côté» à la fin de la marche car «il avait des choses à finir». Une fois qu’il a appris que son neveu avait été emmené par la police, «il a contacté le père» qui «est allé le chercher». L’oncle assure que le père du garçon a raconté que son fils «avait été arrêté pour le port du drapeau palestinien». Un point qui est donc infirmé par la police berlinoise.

L’enfant a également été décrit dans la presse allemande comme fauteur de troubles. A Bild, un tabloïd allemand, Karoline Preisler, avocate et membre du FDP, le parti libéral allemand, a ainsi déclaré que l’enfant aurait attiré «à plusieurs reprises l’attention lors des marches anti-israéliennes à Berlin». Me Preisler est connue pour être l’une des figures des contre-manifestants participant très régulièrement aux rassemblements propalestiniens, qu’elle qualifie d’«antisémites». Engagée pour la libération des otages israéliens, elle a notamment rejoint des manifestations en soutien à Gaza en arborant des signes «rape is not resistance» (en français, «le viol n’est pas un outil de résistance»), faisant écho aux cas de violences sexuelles qui auraient été perpétrés par des membres du Hamas le 7 Octobre. Toujours à Bild, Karoline Preisler explique qu’elle a rencontré le garçon lors d’une de ces manifestations, assurant qu’un homme masqué avait envoyé l’enfant la voir pour lui tendre «une affiche l’insultant personnellement».

Sur X, CheckNews a retrouvé une vidéo publiée par l’association Jüdisches Forum le 16 septembre, montrant une jeune personne (dont le visage est flouté) tendre une affiche en direction de Karoline Preisler. Cette scène s’est déroulée au cours d’une manifestation pro-palestinienne qui s’est tenue une semaine plus tôt, le 14 septembre. Sur cette affiche, le garçon tient la photo de deux personnes, un homme et une femme, ainsi qu’une légende «ich feier diesen mann» («je célèbre cet homme»). L’homme en question est Hagen Reinhold, l’ex-mari de Karoline Preisler, aux côtés d’Annina Semmelhaack, sa petite amie, également membre du FDP et ancienne actrice porno. Reste que l’enfant tenant l’affiche ne semble pas être le même que celui arrêté samedi 21 septembre.

En effet, sur une autre vidéo publiée sur X par un internaute, la scène du 14 septembre a été filmée avec un angle différent. Il est alors possible de voir que le garçon montrant l’affiche à Karoline Preisler porte une tunique et ne ressemble pas au jeune emmené par la police la semaine suivante. Plus tard, dans la même vidéo, on aperçoit d’ailleurs un autre garçon portant un drapeau palestinien et dont le visage ressemble au garçon emmené par la police. Ce second garçon porte également une paire de baskets Nike noires – chaussures semblables à celles que portait celui qui s’est fait arrêter le 21 septembre, suggérant qu’il s’agit bien de la même personne.

Cette séquence, très médiatisée, intervient dans un contexte où de nombreux manifestants, associations et journaux allemands dénoncent et témoignent de cas de violences policières lors des manifestations organisées en soutien à la Palestine.