Depuis le 18 novembre, de nombreux comptes relaient une affirmation selon laquelle un rapport de police israélien indique que des hélicoptères de Tsahal ont tiré sur la free party et tué des civils le 7 octobre, lors de l’attaque du Hamas. «Le quotidien israélien Haaretz rapporte qu’une enquête officielle israélienne a conclu qu’un hélicoptère militaire israélien a tué des Israéliens à la rave Nova le 7 octobre», écrit ainsi l’agence de presse du Hamas, Quds.
L’information est bien tirée du (renommé) quotidien israélien Haaretz. L’article, disponible en anglais et en hébreu, traite plus largement des évènements meurtriers survenus sur les lieux du festival le 7 octobre. Son information principale repose sur le fait que d’après différents officiels israéliens, les hommes du Hamas n’auraient pas eu connaissance du festival, qu’ils auraient donc frappé par «opportunisme». Le Haaretz évoque un bilan de 364 personnes tuées sur le site, selon la police israélienne.
Confusion extrême
Un paragraphe au début de l’article explique que «selon une source policière, l’enquête indique également qu’un hélicoptère de combat des forces armées israéliennes qui est arrivé sur les lieux et a tiré sur des terroristes a apparemment également touché des participants au festival.» Certaines personnes ont pointé que la version anglaise différait de la version en hébreu. La nuance, selon un traducteur que nous avons consulté, se situe dans l’emploi d’«apparemment» et du conditionnel, sans pour autant modifier le sens du paragraphe. A savoir que des tirs d’un hélicoptère israélien auraient touché des civils du festival, d’après un rapport. Sans qu’il soit possible d’affirmer en l’état que certaines personnes en sont mortes. Aucun bilan des civils éventuellement touchés, ou tués n’est donné par le Haaretz. Le quotidien ne donne aucune indication permettant de situer l’incident.
Contacté par CheckNews, la police israélienne nous a transmis une déclaration d’un porte-parole réfutant l’article du Haaretz, et indiquant : «L’enquête policière ne fait pas référence à l’activité des forces de Tsahal et, par conséquent, aucune indication n’a été donnée sur un quelconque préjudice causé aux civils par une activité aérienne sur le site.»
Comme nous l’écrivions récemment, la presse israélienne a déjà fait état des difficultés rencontrées par les pilotes d’hélicoptère à déterminer les cibles, lors des premières ripostes du 7 octobre. Certains pilotes ont admis que le risque de toucher des civils ou des otages n’était pas nul, dans la confusion extrême qui régnait sur les sites des attaques ce jour-là. Le rapport de police cité par le Haaretz – et réfuté par la police – viendrait étayer ces témoignages, en suggérant, de manière plus précise, qu’un appareil en particulier aurait touché par erreur des participants au festival.
Le Hamas continue de nier avoir ciblé des civils
Sur les réseaux sociaux, une vidéo d’une frappe d’un hélicoptère Apache filmée depuis l’«optique» de l’appareil est souvent présentée comme la preuve que des civils ont été tués par Tsahal sur le site de la rave, le 7 octobre. A tort : comme nous l’indiquions dans un article récent, cette vidéo, qui a été diffusée par Tsahal dès le 9 octobre, a été tournée à une dizaine de kilomètres du festival de musique, côté Gaza. Rien ne permet d’affirmer que des civils sont touchés sur les images.
Le fait que l’intervention de Tsahal ait pu occasionner des pertes civiles, sur le festival comme sur d’autres lieux d’opération, demeure encore à documenter précisément. Même si certains cas sont déjà attestés. A Nahal Oz, un homme de 48 ans, qui avait pris une arme pour combattre les terroristes, a été abattu par Tsahal après avoir été confondu avec un assaillant.
Sans surprise, l’article du Haaretz, comme ceux ayant précédé sur le même sujet, a largement été utilisé sur les réseaux sociaux chez les pro-Hamas pour nier le rôle du mouvement islamiste dans le massacre du 7 octobre, pourtant largement documenté. Le Hamas continue de démentir avoir ciblé des civils lors de la journée du 7 octobre, et ce en dépit de preuves innombrables.
Des dizaines de vidéos consultées par CheckNews, parfois filmées par des caméras embarquées par les assaillants, montrent des membres des brigades du Hamas exécuter des civils à l’aide de grenades ou d’armes à feu, que ce soit sur les lieux du festival ou dans les kibboutz attaqués.