Début août, plusieurs personnes et associations se sont étonnés du fait que des rendez-vous pour une seconde injection du vaccin contre la variole du singe aient été annulés suite à de «nouvelles recommandations». La Direction générale de la santé (DGS) explique ne pas avoir donné d’instructions en ce sens, et plusieurs annulations constatées par CheckNews concernent des centres de vaccination lyonnais, qui auraient mal interprété des consignes du ministère de la Santé relatives à l’allongement du délai entre les deux injections.
Savez vous que @AlerteSanitaire @Sante_Gouv @FrcsBraun @emerygreg recommande de faire annuler des vaccinations contre la variole du singe et de faire attendre les populations clés pour leur 2e dose? https://t.co/ui48jxtyDK
— STRASS - #SexWorkIsWork (@STRASS_Syndicat) August 3, 2022
La vaccination est aujourd’hui ouverte aux adultes ayant eu des contacts à risque avec une personne malade, ainsi que les populations considérées comme plus exposées, c’est-à-dire «les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les personnes trans, dans les deux cas, multipartenaires, les personnes en situation de prostitution, et les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle». Deux doses de vaccin sont pour l’heure préconisées pour la plupart des personnes éligibles, essentiellement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Pour les vaccinés contre la variole dans le passé, une seule dose suffit. Pour les immunodéprimés, une troisième est recommandée.
«Votre rappel de vaccin est reporté»
En début de semaine, le délai entre les deux doses de vaccination contre la variole du singe, jusqu’alors de 28 jours, a été allongé pour les personnes non immunodéprimées, a indiqué jeudi le ministère de la Santé. Et ce conformément à l’avis de la Haute Autorité de santé, rendu le 7 juillet. Concrètement, la Direction générale de la santé explique qu’«une instruction a été donnée aux Agences régionales de santé leur demandant de bien vouloir indiquer aux sites de vaccination de ne pas organiser systématiquement de rendez-vous pour les deuxièmes doses mais de réserver ces rendez-vous pour les premières doses afin de garantir au plus grand nombre de personnes à risque l’accès à la vaccination.»
En revanche, la DGS assure n’avoir pas demandé l’annulation de rendez-vous pour des secondes doses. Simplement de ne plus en organiser pour l’instant : «Il n’a pas été demandé aux centres de vaccination d’annuler les rendez-vous de seconde dose déjà pris. [Ceux] déjà programmés ne doivent pas être annulés. Et [ceux] non programmés à date pourront l’être plus tard dans l’avancement de la campagne de vaccination.»
CheckNews a pu échanger avec cinq personnes qui ont vu leur deuxième rendez-vous annulé. Ces dernières ont toutes reçu le même SMS : «Suite aux nouvelles recommandations, votre rappel de vaccin est reporté et votre RDV est annulé. Votre médecin vous indiquera quand faire ce rappel.» Sans plus de détails. «Je ne m’y attendais pas, explique l’un des destinataires à CheckNews. C’est bizarre de n’avoir aucune explication».
Toutes ces personnes interrogées ont un point commun : elles avaient un rendez-vous dans des centres de vaccination lyonnais. La DGS explique ne pas avoir identifié de centre particulier, mais reconnaît avoir eu des remontées de tels problèmes. Contactée, l’Agence régionale de santé d’Auvergne-Rhône Alpes n’a pas répondu à nos sollicitations.
Impératifs logistiques
La DGS explique que ces précisions auraient été transmises vendredi 5 août au matin, et note également que «si des rendez-vous ont été annulés, il convient d’indiquer aux sites de vaccination de rappeler les personnes concernées, pour leur expliquer la raison de cette annulation et leur indiquer qu’elles pourront bien accéder à la seconde dose.» Ce vendredi, aucune des personnes interrogées par CheckNews dont le rendez-vous a été annulé n’a été recontactée. L’une d’elles s’étonne : «Je n’ai reçu aucun appel ni SMS de précision depuis le SMS d’annulation. J’ai hâte d’avoir plus d’informations car c’est un peu déroutant.»
Cette évolution du schéma vaccinal annoncée par la DGS est notamment motivée par des impératifs logistiques : les centres de vaccinations manqueraient de soignants aptes à vacciner. Le gouvernement a d’ailleurs pris un arrêté le 26 juillet pour élargir la liste des personnels qui peuvent réaliser ces injections : médecins retraités, infirmiers retraités sur prescription médicale, ou encore étudiants en santé en présence d’un médecin ou d’un infirmier peuvent désormais vacciner. Le ministère de la Santé espère augmenter avec cette mesure le nombre de plage de vaccination ouvertes. Selon l’AFP, le 4 août, 18 500 personnes avaient reçu une première dose de vaccin.