Lundi 26 juin, en marge de la première journée de visite présidentielle dans la cité phocéenne, qui s’est tenue dans un contexte ultra-sécurisé, plusieurs publications sur les réseaux sociaux ont fait état d’une scène surprenante. Dans le quartier de la Busserine, complètement bouclé par les forces de l’ordre, plusieurs militants auraient été maintenus dans les locaux d’une école afin qu’ils ne perturbent pas la déambulation d’Emmanuel Macron.
C’est ce qu’affirme notamment, dans la soirée, le très suivi compte Twitter @Brevesdepresse, indiquant que «des opposants au Président ont été enfermés de force dans une école». Plusieurs tweets, assortis d’images, viennent l’appuyer.
Macron à Marseille : J1, Quartiers nords, la Busserine, 14è.
— Julie M (@Jmlre) June 26, 2023
✊ Les camarades ont surgi de l'école pour une petite casserolade avant d'être enfermés, contrôlés et bien gardés en salle des maîtres par la police !
Stop à la com "un petit tour et puis s'en va"#MacronDemission pic.twitter.com/yYvDNeee2q
Sur cette vidéo, alors que le Président est en train d’arriver sur place, on aperçoit une dizaine de militants, tapant sur des casseroles et scandant «Macron démission», descendre les marches du groupe scolaire Busserine, situé boulevard Charles-Mattei, dans le 14e arrondissement. Aussitôt, les forces de l’ordre interviennent ; la casserolade cesse.
«J’en rigole, mais ce n’est pas drôle»
Un journaliste de BFM TV, présent sur place, diffuse également une vidéo dans laquelle on voit CRS et policiers refermer la porte du bâtiment sur les manifestants.
« Macron démission » entonné par une dizaine de manifestants hostiles à la politique du Président, alors qu’E. #Macron s’apprêtait à saluer des Marseillais.
— Anthony Lebbos (@AnthonyLebbos) June 26, 2023
Certains d’entre eux ont été repoussés par la police à l’intérieur de cette école maternelle.@BFMTV pic.twitter.com/NzMzKhf9oc
Cette action a été menée par des membres de syndicats enseignants, dont le SNUipp – FSU 13, afin de protester contre la réforme des retraites et le manque de moyens accordés aux enseignants et à l’école publique. Le matin même, ils avaient diffusé une vidéo, avec des représentants de parents d’élèves, dans laquelle ils faisaient part de leur «coup de gueule» à l’occasion de la venue du Président.
Sur place, ils étaient environ une quinzaine. «Après la fin des cours, vers 16 h 30, nous sommes restés dans l’école jusqu’à l’arrivée d’Emmanuel Macron», détaille auprès de CheckNews Sébastien Fournier, enseignant à l’école Busserine et secrétaire départemental adjoint du SNUipp-FSU 13. «Nous avions collectivement décidé de nous mettre en grève et d’exprimer notre mécontentement, de manière pacifique et joyeuse, face au Président. Quand il est arrivé, nous sommes sortis en tapant sur des casseroles, puis les forces de l’ordre nous ont repoussés à l’intérieur de l’école et ont fermé la porte. La casserolade a duré, quoi, trente secondes…» Il ajoute : «J’en rigole, mais ce n’est pas drôle. On n’a plus le droit d’exprimer un désaccord de manière calme.»
Et pourtant...
Des contrôles et des relevés d’identité pour une casserolade
Plusieurs sources nous indiquent en outre qu’un autre groupe de militants et associatifs, qui avaient également prévu une casserolade, ont été contrôlés en amont de l’arrivée présidentielle, avec confiscation d’instruments potentiels. Dans un tweet, un journaliste de 20 Minutes Marseille écrit que «les manifestants ont fini au coin». On les voit, sur sa photo, adossés à un mur et entourés par les forces de l’ordre. D’après nos informations, ils ont pu repartir libres environ une heure plus tard.
La dizaine de manifestants (essentiellement des employés, enseignants et animateurs) qui ont fait une mini casserolade ont fini au coin #Macron #Marseille pic.twitter.com/wMYcXo9ITj
— Alexandre Vella (@Vella_ale) June 26, 2023
De son côté, le groupe de parents d’élèves et d’enseignants a été retenu près d’une heure au sein de l’école. «Les forces de l’ordre sont rentrées, sont venues nous voir. On leur a expliqué notre démarche qui est à nos yeux légitime et pacifique. Il y a quand même eu un contrôle avec relevé des cartes d’identité – et rien de plus, pour l’instant.»
Contacté par CheckNews sur d’éventuelles suites judiciaires, le parquet de Marseille indique n’avoir «en l’état, aucune information». De son côté, la préfecture des Bouches-du-Rhône, sollicitée, n’a pas donné suite. A ce jour, la presse n’a pas connaissance d’un arrêté anti-casserolade qui aurait été mis en place à l’occasion de la venue du Président à Marseille.
Mise à jour mardi 27 juin à 16h50 : mention de la participation de représentants de parents d’élèves dans la vidéo du SNUIpp-FSU 13, qui n’étaient pas présents lors de l’action.