Depuis que le Rassemblement national est aux portes du pouvoir, à la faveur de la dissolution décidée par Emmanuel Macron le soir des européennes, la liste des renoncements de Jordan Bardella ne cesse de s’allonger, notamment sur le volet socio-économique de son programme. Ce qui vaut au président du RN, et aspirant Premier ministre, d’être accusé de renier l’essence de son parti. En réalité, cette mue programmatique est en cours depuis plusieurs années déjà, lorsque le RN de Marine Le Pen a progressivement pris ses distances avec le FN de son père. Sur les questions de société notamment, tandis que le parti était historiquement ultraconservateur et prônait le recul de certains droits et libertés, le programme a évolué au fil des dernières élections.
Est-ce affaire de convictions ou de stratégie électorale ? «Il y a des certainement des différences de valeurs entre Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen, qui appartiennent à deux générations différentes, mais il y a surtout toute cette soif de pouvoir qu’a la fille et que n’avait pas le père», analyse Valérie Igounet, historienne spécialiste de l’extrême droite et directrice adjointe de l’Observatoire du conspirationnisme. Et développe : «Pour arriver au pouvoir, certains marqueurs, comme l’interdiction de l’IVG, compte tenu de l’évolution de la société française, ne pouvaient pas rester dans leur champ d’action. A l’époque du père, l’électorat féminin du FN n’existait quasiment pas. Aujourd’hui, ce n’est pas que parce q