Le camp laïc est vraiment ingrat. Au lieu de s’offusquer de l’offensive sémantique de Nicolas Sarkozy qui tient dur comme fer à sa «laïcité positive», formulation qui n’est en tout cas pas péjorative ; au lieu de s’inquiéter ou de feindre de s’inquiéter du rôle stabilisateur que le président de la République confère aux religions au sein de la société sous le double patronage de Voltaire et de Napoléon (une instrumentalisation classique de la foi comme facteur d’intégration), il ferait mieux de se réjouir de la bonne nouvelle : avec Benoît XVI, les laïcs ont le privilège d’avoir affaire à un pape providentiel, à un pape idéal pour les non-catholiques.
Joseph Ratzinger incarne en effet une idéologie du repli, une démarche défensive, un pontificat nostalgique et suranné. Jean-Paul II allait de l’avant, Benoît XVI bat en retraite. Au sein de la société française, il encourage avec fermeté et distinction une forme de catholicisme en peau de chagrin. Jean-Paul II était un terrible adversaire pour les laïcs. C’était un personnage exceptionnellement charismatique, aussi longtemps que sa maladie lui a laissé l’autonomie nécessaire, une star médiatique comme il n’y en a pas cinq dans le monde et de surcroît un politique audacieux et visionnaire. Ainsi le pape polonais a-t-il pu peser d’un poids inattendu sur le destin de son propre pays et sur l’effondrement de l’empire soviétique. Ainsi a-t-il su se faire écouter, non seulement par le milliard de catholiques mais, bien au delà, par l