On assimile généralement les marchés à la jungle, ils ont plutôt l’air de ressortir du zoo. Ce sont de drôles d’oiseaux du genre maniaco-dépressif, ces temps-ci. Ils ne peuvent pas réagir comme tout le monde, passant de l’euphorie à la panique (et réciproquement) en faisant l’économie de la civilisation. Comme le lama de Tintin, ils peuvent nous cracher à la gueule avec des baisses impressionnantes. «Quand marché fâché, marché toujours faire ça», nous expliquent alors, en d’autres termes cependant, les experts. Et puis il y a le côté «Coco content» lorsqu’ils se sentent momentanément repus après engloutissement de quelques centaines de milliards. Parce que, nous, on a envie qu’elles se sentent bien, ces braves bêtes. Tant pis si elles se sucrent, on en profitera bien aussi. «Et votre café, vous le voulez avec cent ou deux cents milliards ?» Si, dans les zoos, on n’a pas le droit de donner à manger aux animaux, les marchés, au contraire, il faut les nourrir sans cesse. Ils ont toujours une petite faim. «Allez, je reprendrais bien une bonne tranche de cent milliards.» Et nous, on est là à bichonner notre poule aux œufs souhaités d’or, dans l’espoir que le ventre soit encore fécond d’où est sortie la bête à dollars et que l’ascension des marchés ne soit pas résistible. La bête est à poil ou le marché reprend-il du poil de la bête ?
L’Europe et les Etats-Unis ont repris à leur compte le slogan que Ségolène Royal a popularisé sur scène. Aujourd’hui, c’est «Fra-ter-ni-té av