Depuis 1983, tous les ans c'est l'anniversaire du Chat. Ça ne vaut pas un album à tous les coups (Philippe Geluck rappelle qu'il y en eut cependant un pour les douze ans et demi, en 1995), mais voici l'«édition anniversaire» pour les vingt-cinq ans. Une vie de Chat est composé d'une double page par année, regroupant des dessins que l'auteur n'avait pas jugé bon de publier ces années-là et qui ne méritaient aucunement de rester inédits, puis de dix-sept pages supplémentaires entièrement contemporaines. Philippe Geluck nous gratifie en outre d'une réjouissante préface où il ne s'étend qu'avec prétérition sur la joie que c'est de nous «avoir comme lecteurs (si je ne vous appréciais pas tant, je ne me serais pas gêné pour en choisir d'autres)». En couverture, on voit le Chat sur son matelas pneumatique sur une étendue d'eau, disant «Comment ça, "pffff" ?», et il faut retourner l'album pour goûter tout le sel du gag.
«Dès le départ, il a réussi à doser intelligence et stupidité en un cocktail dont la recette n'appartient qu'à lui et dont parfois j'ai, même moi son auteur, quelque difficulté à discerner la subtilité», dit Philippe Geluck de sa créature. Dès 1985, le Chat, à la lecture du journal, se laissait ainsi aller à quelques aphorismes qui pourraient donner quelques idées en ces périodes de tout sécuritaire. «Si on mettait les honnêtes gens en prison et si on laissait courir les assassins», dit-il dans un premier phylactère pour mieux pouvoi