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Synthèse

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publié le 15 novembre 2008 à 6h51

La synthèse, le synthesis grec, c'est la réunion, la composition. Mais nous autres Français, quand on nous parle de synthèse nous pensons d'abord à l'analyse qui la précède. Nous sommes comme ça, nous autres, nous apprécions l'esprit de synthèse, la belle ouvrage, la thèse et l'antithèse, les plans en trois parties, tout ça.

Ces jours-ci la synthèse dont on parle, ce n’est pas la réunion, mais le congrès, de Reims, des désunions puis des combinaisons, la fameuse synthèse du PS quoi. Y a-t-il eu analyse avant ? Un peu ! Et des thèses aussi. Des tas, avec des lettres devant : A, B, C… Des antithèses aussi, forcément. Plein. On voit surtout ça, pour l’heure, des antithèses, des antis.

La synthèse chez les socialistes, c’est le Graal, la pierre philosophale, la fumée blanche du Vatican. Un truc à la fois mythique (le mythe de l’unité détruite et refaite) et mystique. Synthèse, sainte thèse, saints taisent (en version lacanienne pour les nuls) sainte Ségolène, sainte Martine, saint Bertrand ; et ceux qui se taisent, agissant en loucedé. Pendant que les saints appellent à l’unité, ceux qui se taisent bricolent leur produit de synthèse.

Autrefois, chez l’épicier on pouvait acheter des sachets de vanilline, autrement dit de la vanille de synthèse, un succédané ; les produits de synthèse d’après-guerre, les ersatz, avaient le goût (à peu près) de l’original mais étaient bien chimiques, bizarres, tout fabriqués. On se demandait ce qu’il y avait dedans. Mais c’était moins cher. La