On n’avait pas vu ça depuis la banderole anti-ch’tis. Des terroristes s’en prennent maintenant à la SNCF. Les anti-ch’tis, c’était déjà des terroristes : tout bien réfléchi, ils ne se battaient pour rien moins que la guerre civile, la sécession du territoire. Le pays s’en est sorti par miracle. Des gens, dont rien ne semble prouver que ce sont ceux qu’on a arrêtés, ont mis des trains en retard. C’est désagréable mais bon, on a quand même un peu l’habitude : est-ce vraiment une atteinte à la sûreté de l’Etat ? Si oui, on va bientôt poursuivre les grévistes de la SNCF pour terrorisme social. Quatre-vingt-seize heures de garde à vue pour les syndicalistes et vingt ans de prison en suspens. En plus, à chaque fois qu’un TGV sera en retard, désormais on croira à un attentat : ça va créer la panique. Et les banquiers et autres traders qui n’ont pas fait sauter des lignes de train mais les banques, ce qui est bien sûr moins grave mais tout de même dérangeant, ne sont-ils pas des terroristes financiers ? A quand une rafle de la brigade antiterroriste à Wall Street ? Après le Patriot Act, le SNCF Act ? On dirait que la police française prétend avoir démantelé la branche Tarnac d’Al-Qaeda. Avant, on se mobilisait pour que rien de mal n’arrive à nos potes beurs ou blacks. Désormais, c’est «Touche pas à ma caténaire».
Ils ont l’air malin, maintenant que la France est frappée, ceux qui voulaient empêcher qu’on repère les terroristes dès la maternelle. Le gang de Tarnac, on nous le pr