Il y a une vieille blague à propos du paradis. Les Italiens, dit-on, y fournissent la musique tandis que les Français font la cuisine. Et les Anglais ? Ils s’occupent de l’information. J’ai oublié ce que font les Allemands. Peut-être ne vont-ils pas au paradis parce qu’il n’y a pas suffisamment de serviettes pour réserver toutes les chaises longues. Il faut dire que la British Broadcasting Corporation, la BBC, suscite toujours un immense respect à l’étranger. Chez nous, hélas, sa réputation s’effondre. Elle est financée par un système bizarre. Si vous achetez une télé, vos coordonnées sont stockées sur un mystérieux ordinateur au Pays de Galles et vous recevez une facture de 139,50 livres, assortie d’une série de menaces, au cas où vous ne paieriez pas illico. L’argent sert à financer les émissions de radio et de télé. Par concession spéciale, si vous êtes aveugle, vous n’avez pas à payer pour regarder la télé ; en revanche, même si votre récepteur ne capte que les chaînes privées financées par la pub, vous devez acquitter la redevance. L’idée, c’est que la BBC est ainsi libre de tout contrôle direct du gouvernement et des annonceurs pour son budget et peut maintenir son indépendance.
Mais chacun sait que cela implique une désagréable controverse tous les deux ou trois ans entre le gouvernement, qui souhaite maintenir le montant de la redevance en dénonçant avec vigueur le gaspillage des fonds publics, et la BBC qui pousse à la hausse, arguant du besoin de liberté de parole.