Hypothèse de la provocation
Lorsque fut rendue publique l’interpellation de notre camarade Vittorio de Filippis, sur réquisition de la juge Muriel Josié et dans les conditions que l’on sait, mon premier mouvement fut d’appeler Vitto pour lui réitérer l’expression de mon amitié. Il sait ça,mais si ça ne fait pas de bien, ça ne peut pas faire de mal, me disais-je. Puis, j’ai réfléchi. Et, au risque de passer pour un mauvais confrère, je dois confesser ici que je n’ai pas été si offusqué que j’aurais dû.
C’est que, depuis le temps que cette chronique radote l’infinie démultiplication de toutes sortes d’excès judiciaires et policiers, me revint en mémoire le long défilé des victimes ordinaires et désormais banalisées de l’arbitraire judiciaire et policier. On sait les ravages ainsi faits à la dignité de l’individu, qui s’y dilue, et à la conscience du citoyen, qui s’y dissout. La vôtre, la mienne, et la nôtre, collective, lorsque, témoins occasionnels de ces pratiques (tutoiement, contrôle au faciès, infantilisation, voies de fait, etc.) qui humilient cent fois par jour la République et la démocratie, nous baissons la tête et détournons le regard, avant même qu’un képi n’éructe comme un kapo son ordre de circuler. Que celui qui, après des années d’insidieuse intimidation, n’a pas peur a priori du fonctionnaire en uniforme déclinant sa qualité dans un aboiement, s’avance…
Et que les autres poursuivent leur chemin, avec leur honte en bandoulière, en se haïssant d'êtr