En décembre, Berlin s’enfonce dans la nuit noire à 3 heures de l’après-midi, les fenêtres et les balcons s’illuminent et se parent de décorations d’un kitsch affolant. Avec ses guirlandes phosphorescentes et toutes ses étoiles clignotantes, Berlin ressemble à un gigantesque Luna Park.
Dans mon quartier, les interior designers amateurs se livrent leur compétition annuelle. Le ciel d'étoiles de papier doré du troisième étage contre la rangée de pères Noël hilares dans leur forêt de sapins en nylon du rez-de-chaussée. Et sur le balcon d'en face, un petit Jésus compulsif s'allume et s'éteint, s'allume et s'éteint, sans jamais se lasser, toute la journée et toute la nuit. A vous rendre fou ! Dans mon immeuble, le marathon annuel qui mène au 24 décembre a commencé il y a un mois, déjà. Le 20 novembre, à 10 heures sonnantes, un mince filet au parfum de cannelle grimpait une à une les marches de la cage d'escaliers. Le lendemain, c'est un voile de vanille d'une douceur infinie qui caressait les murs. Puis vint la senteur piquante d'écorce d'orange. Quatre jours plus tard, les amandes et les noisettes pilées. Le cinquième jour, la somptueuse odeur de chocolat fondu. Le sixième, une vapeur exquise de caramel se posait sur la rue tout entière.
Régiment. Au septième jour, ma voisine prévoyante du premier avait rempli un régiment de boîtes d'aluminium de ses Weihnachtsplätzchen, ses petits gâteaux de Noël. Elle avait bonne conscience. Chez moi, au troisième étage, régn