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Les gens sont…

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publié le 10 janvier 2009 à 6h51
(mis à jour le 10 janvier 2009 à 6h51)

En ces jours de soldes, «les gens achètent quand même moins», pleurent les commerçants, «les gens sont inquiets» (de la crise, de 2009, de Sarko…). Pourtant «à Noël, les gens ont acheté des cadeaux, mais les gens ont un peu réduit leurs dépenses de réveillon» ; on a entendu ça à la télé dans ces interviews de gens de la rue, plein de bon sens dont les 20 heures ont le secret. Faut s'y faire : cette année les gens ont des oursins dans leur morlingue (vieille expression argotique qui signifie être constipé du larfeuille). D'habitude, on entend «les gens ont de l'argent, quand même». Ça arrive plutôt l'été en matant les belles villas ou les queues devant les boutiques chic du port de plaisance. Mais là, non, les gens chipotent devant les bacs à soldes, boudent le luxe, veulent bien faire un peu la fête en fin d'année mais sont radins à la rentrée. Les gens surfent de plus en plus sur le Net (ne lisent plus de journaux)… Ils comparent les prix. Les gens sont modernes finalement.

Sur les routes enneigées, en revanche, ils font n'importe quoi, les gens ne sont pas prudents, les gens sont incroyables tout de même… Ah, les gens… Les gens c'est les autres - comme l'enfer. On s'habitue peu à peu à cette façon de parler d'eux (les gens sont cons, les gens sont méchants). Jusqu'au jour où, dans le métro, un gamin vous marche sur les pieds et sa mère lui gueule : «Fais attention Kevin, tu embêtes les gens !» Choc. Vous découvrez que «les gens», c'est vo