Est-ce possible de l'avouer ici ? C'est sans une once d'émotion, que l'on regardait, depuis deux semaines, les images quotidiennes de Gaza. Sujets calibrés toujours identiques, mélasse de corps et de ruines, enthousiasme factice des embedded, opaques fumées lointaines, horreurs plus horribles encore que la veille, condamnations solennelles des bavures, risibles gesticulations des politiques, grotesque gravité des présentateurs, qui passeront demain à autre chose.
Et puis, on a entendu rire des petites volleyeuses. C'étaient des volleyeuses palestiniennes de Gaza. Elles rigolaient, pendant une pause du match, assises par terre dans la cour de l'école, en survêtement vert et foulard blanc. C'étaient des blagues de collégiennes sur les tunnels, les fameux tunnels de contrebande, par lesquels le Hamas s'approvisionne en armes, et que bombardent les Israéliens. Elles se moquaient aussi de l'héroïsme du peuple palestinien. Elles se moquaient de tout, comme des gamines. Elles n'étaient pas seules. Il y avait aussi une tatie israélienne (très décolletée) retrouvant bruyamment son neveu en uniforme dans une rue de Sderot. Et une ado israélienne, une autre, qui voulait être comédienne. Mais il fallait aller à Tel Aviv, et abandonner son petit ami. Ô déchirure intérieure ! Et un jeune sportif palestinien, tout fier d'être entré dans le livre des records en faisant des pompes à deux doigts, qui nous effectuait une magistrale démonstration au bord de la piscine. Il y avait tout c