Il y a un an, une incertitude forte caractérisait les pronostics de croissance pour 2008. Je notais dans ma chronique que ce sont «les retournements… qui sont les plus difficiles à anticiper : ils mettent plus de temps que prévu à se réaliser mais, une fois qu'ils arrivent, ils se concrétisent plus brusquement que prévu». Plus pessimiste que la plupart des économistes, mais certainement pas assez, je concluais que «la récession de l'économie sera difficile à éviter» et que «2008 et 2009 pourraient bien être alors deux années blanches pour l'économie».
Aujourd’hui, le retournement s’est produit et a été bien plus violent que ce qui était généralement anticipé. L’incertitude pour 2009 est aujourd’hui d’un autre ordre : la récession va-t-elle se transformer en dépression et va-t-elle se prolonger en 2010 ? Les économistes, intervenant dans les nombreux panels organisés sur la crise à la conférence de l’Association américaine d’économie à San Francisco la semaine dernière, ont présenté des scénarios très pessimistes, peut-être parce qu’ils veulent se rattraper d’avoir sous-estimé depuis le début de la crise des subprimes les effets économiques de celle-ci. La raison du pessimisme actuel est que cette récession n’est pas la récession type que les pays industrialisés ont subie ces vingt dernières années.
Le scénario habituel de la récession était le suivant : la Banque centrale déclenchait elle-même le ralentissement en réagissant à une menace d’inflation