Et voilà. La liste de distinctions honorifiques accordées par la reine vient de paraître et bientôt, comme tous les ans, des centaines de sujets de Sa Majesté - pas des citoyens - vont se presser au palais, les hommes portant chapeau haut de forme, les femmes arborant le genre de monstrueux couvre-chef qu’on ne voit que dans les mariages, pour s’agenouiller humblement devant «Sa Maj» et gagner le droit d’ajouter quelques lettres après leur nom ou bien un titre devant. C’est le jour où les hommes politiques abandonnent leurs radotages sur Westminster qui est la «mère de tous les Parlements» et où ils fanfaronnent sur les «fières traditions».
Cadeaux. Les Britanniques ne sont pas le seul peuple à s'accommoder avec bonheur de deux philosophies de gouvernement totalement opposées ; les Français, après tout, passent aisément de leur Marseillaise à leur Mercedes ; mais les contradictions se sont aggravées ces dernières années en raison de tentatives pour ramener de l'ordre dans le système des récompenses et des titres aristocratiques. Cela a toujours été une façon pour les puissants de faire des cadeaux à leurs amis ; c'est pourquoi la majeure partie de la liste est toujours composée de sous-secrétaires à ceci ou à cela dans des ministères improbables, comme récompense pour travail bien fait ou pour avoir failli à la tâche d'une façon qui a plu au gouvernement.
Il existe aussi un système parallèle par lequel le public peut écrire pour faire nommer des gens.