Au départ, en lisant dans les pages du «livre vérité» de Ségolène Royal ce qualificatif appliqué au président de la République, on a tout de suite pensé à ce qui se dit dans les bonnes familles bourgeoises de ces «parvenus» que l'on aime tant mépriser. Ils sont «m'as-tu-vu» ; on les dit volontiers «vulgaires», voire - et c'est le pire sans doute - «ordinaires». On murmure d'eux, dans les salons cossus des grandes lignées, qu'ils ont «l'argent récent». L'expression «m'as-tu-vu» dans la bouche d'une grande bourgeoise de Neuilly (ou du Poitou), qui parle d'un voisin installé depuis peu, est une façon de considérer sa voiture, le manteau de sa femme, sa montre comme ne valant pas tripette, c'est-à-dire trop. Mais en y regardant de plus près on se dit que cette expression vieillotte, un peu balzacienne en un sens (Ségolène Royal le reconnaît elle-même), pourrait s'appliquer assez bien à notre omniprésident. Imaginons un peu (évidemment c'est de la fiction). M'as-tu-vu, ça peut aussi vouloir dire : m'as-tu-vu à la télé hier (et avant-hier et le jour d'avant et… chaque jour depuis deux ans) ? Tu m'as vu ? Tu m'as trouvé comment, hein ? J'étais bien, non ? M'as-tu-vu, c'est aussi une façon de demander à ses potes «t'as-vu comme je l'ai mouché hier le mec au Salon de l'agriculture», ou de leur asséner, en relevant sa manche : «T'as vu ma nouvelle montre, c'est la Patek, c'est moins gros que la Rollex, mais c'est trois fois plus cher, c'est ça la vraie clas
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