Menu
Libération

Croquenots et manteau de neige

Article réservé aux abonnés
publié le 14 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 14 février 2009 à 6h51)

Il fait nuit noire. Tous les locataires de mon immeuble bondissent sur leur matelas, réveillés par un bruit assourdissant. Il est 1 h 30. Nous courons tous nous pencher à la fenêtre. Il neige. Notre concierge coiffé d’une casquette de tweed, racle avec enthousiasme les deux centimètres de neige qui ont osé se poser sur son arrière-cour. Il est en train de tracer un sentier sûr entre les poubelles et le parking à vélos. Et quand le locataire du troisième lui rappelle que les braves gens ont droit au repos à cette heure avancée de la nuit, le concierge lève vers lui des yeux sûrs de leur bon droit et décline le règlement qui astreint les propriétaires à dégager trottoirs et arrière- cours en hiver.

Après une demi-heure de travail acharné, il retourne se coucher. Les locataires aussi. Que son œuvre nocturne risque d’être anéantie d’ici l’aube par de nouvelles précipitations, que la probabilité que le facteur se casse la jambe en glissant à 7 heures soit nulle, mais surtout que le vacarme réveille tous les locataires au milieu de la nuit… Rien n’ébranle le sens du devoir de notre concierge. Au premier flocon, il passe à l’action.

Je me souviens du chaos, la seule fois où j’ai vu Londres sous une épaisse couverture de neige. C’était l’hiver après le mariage de Lady Di et du prince Charles. Dès le premier flocon, trains et métros étaient paralysés, les banlieusards momifiés sur le quai des gares. Les tuyauteries nues, gonflées de glace, explosaient.

A Berlin, le S-Bahn roule malgré l