Il y a, je ne sais plus où, une excellente description de deux Anglais qui se croisent sur leurs chameaux en plein désert, vers le milieu du XIXe siècle. Comme on ne les a pas présentés, ils ne peuvent se parler et passent en silence, les yeux fixés sur l'horizon lointain. Cependant, leurs cohortes d'indigènes enjoués s'asseyent et font assaut d'hospitalité réciproque, si bien qu'ils sont obligés de s'arrêter. Le seul sujet de conversation qu'ils peuvent décemment aborder est le temps qu'il fait et ils en parlent sans se décourager pendant de longues heures.
Experts. C'est un peu ce qui s'est passé à Londres. Nous avons eu une pincée de neige, arrivée de France, a-t-on noté avec désapprobation. J'adore la neige mais le pays tout entier s'est immédiatement trouvé bloqué. On a fermé les aéroports. Il n'y avait plus de bus. Les trains ont cessé de rouler. On a aussi fermé toutes les écoles et on a demandé aux femmes de se retenir d'accoucher sauf si elles étaient prêtes à le faire toutes seules. Et aux informations, on a parlé du temps 24 heures par jour. La capitale s'enorgueillit de comités, de ministres des catastrophes naturelles, d'organismes gouvernementaux secrets bardés d'experts sur les inondations, les incendies et la peste, qui se sont tous trompés et se sont renvoyé la responsabilité. Du coup, des experts de la santé et de la sécurité nous ont affirmé que la neige était à peine moins mortelle que les déchets nucléaires et ils ont interdit à quiconqu