Menu
Libération

Nadal, bille de clone

Article réservé aux abonnés
publié le 21 février 2009 à 6h51

Quelque chose hypnotise dans cette photographie qui tient à sa perfection. La netteté du visage du joueur de tennis Rafael Nadal, statufié dans son érection musculaire au moment de servir contre le Français Gilles Simon lors la demi-finale du tournoi Masters de Madrid. Son regard noir obnubilé par la balle, le déhanchement caoutchouteux de son corps comme un modelage exporté in vivo d'une chorégraphie de danse contemporaine, le tracé charbonneux de ses sourcils, dessinés comme la décalcomanie de la célèbre virgule publicitaire brodée sur son bandeau (suggérant que tant qu'à faire des affaires, c'est directement sur la peau des sportifs que le logo de leur sponsor devrait être tatoué). Le camaïeu des bleus : du tee-shirt au court de tennis. Pour tout dire : le réalisme de cet instantané ne colle pas tout à fait avec la réalité.

D'abord, on se demande d'où cette photographie a été prise, de quel point de vue aérien. Des amis photographes, experts de l'actu, estiment que la réponse est simple : un appareil fixé dans les cintres de la salle et déclenché à distance. Cette résolution technique ne dissipe cependant pas l'énigme du réalisme. Comme dans les peintures de l'école hyperréaliste, le simulacre n'est pas le vrai. Ce sportif ainsi idéalisé, de toute beauté, est comme un répliquant de film de science-fiction. Ou plus précisément, pour peu qu'on s'approche à moins d'un mètre de n'importe quel jeu vidéo d'inspiration sportive, il semble transféré d'une de ces créatures h