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Libération

De la manif comme un art poétique

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publié le 27 février 2009 à 6h53
(mis à jour le 27 février 2009 à 6h53)

Rôle positif

Bel et paradoxal «effet positif de la colonisation», se disait-on samedi, au sortir du cortège qui de la République à la Nation, métissa le boulevard Voltaire… Sans se soucier de médiocre débat entre épiciers et notaire - ce bon vieux «selon les organisateurs» vs le radotant «selon la police» -, dix ou quinze mille marcheurs venaient d'établir qu'en matière d'expression populaire, la quantité ne fait pas tout. Et que, ainsi que l'établit l'appel signé par neuf intellectuels antillais et consultable sur LeMonde.fr, «les produits de haute nécessité», outre-mer non plus qu'ici ne sont réductibles au contenu d'un panier de la ménagère ; ni le mouvement qui, depuis six semaines, secoue les cocotiers, à une protestation contre la vie chère.

De toute manifestation, le témoin actif ou passif conserve une image, une banderole, un slogan qui, s’inscrivant dans la mémoire et la lumière du jour, confère à la protestation un ton et un style. Samedi, place Léon-Blum, l’image fut celle d’une jeune femme aux teint sombre et chapeau clair, la banderole celle du collectif Continuité LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon) derrière laquelle elle avait pris place au premier rang, et le slogan «Respect», qu’elle scandait vigoureusement en scrutant des yeux les humains massés sur les trottoirs. Et dans sa façon de le crier, visage fermé et fixant chacun, elle semblait tout à la fois réclamer notre respect et qu’on le réclamât avec elle.

Considérant autour d’el