Menu
Libération

Bon courage !

Article réservé aux abonnés
publié le 28 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 28 février 2009 à 6h51)

On entend ça maintenant quand on quitte le resto du déjeuner, le bistrot du matin ou même une boutique : au lieu du bon vieux «au revoir» on a droit à «bon courage», ou même «bon, ben, bon courage hein…» On hésite alors. Que répondre ? Ce genre de prise de congé est aussi de la compassion au quotidien, une manière de dire à la caissière de l'hypermarché ou au serveur du fast-food qu'on compatit, une façon de les remercier de faire pour nous un travail ingrat mais essentiel. C'est assez intime tout de même, cette façon de dire au revoir à des gens qu'on ne reverra pas forcément en leur souhaitant du cœur à l'ouvrage, de la bravoure, en leur parlant de leur capacité à faire face. L'ennui c'est quand ça devient systématique. Quand en quittant le café du matin le serveur me dit «bon courage» j'entends «bon courage pour ton boulot de merde mon pauvre vieux». Mais bon dieu, je n'ai pas un boulot de merde, je suis un privilégié, j'aime ma vie, je ne me plains pas ! Le patron du bistrot aussi, dans son genre grincheux, la vendeuse blasée de superfringues itou. Quel héroïsme doit-on déployer pour faire son boulot de directeur financier ou de contrôleuse de gestion ? Même en temps de récession, ça se discute, non ? Mais bon, ça fait écho à notre côté râleur et pessimiste. Fataliste aussi. Ou vaguement dépressif. «Bon courage», c'est ce qu'a dit, le 2 février, la tonique Martine Aubry dans son discours de clôture aux secrétaires de section. Genre : «Les gars, c'est pas ga