Un beau jour de l'an de grâce 1990, les Espagnols entendirent cette déclaration inquiétante : «Je suis dans la politique pour me sucrer», prononcée par un haut responsable valencien du Partido popular (PP) dirigé par José María Aznar, encore dans l'opposition au gouvernement socialiste, mais déjà au pouvoir dans certaines régions d'Espagne, comme celle de Valence. La phrase a été reprise dans les enquêtes sur un scandale de corruption financière, «l'affaire Naseiro», du nom d'un des administrateurs du parti. On a alors entendu d'autres propos de même teneur, où un bon nombre de dirigeants du PP abordaient la politique en termes de finances strictement personnelles. Mais en raison d'un vice de forme, ni cette fameuse phrase ni aucune autre ne purent être utilisées comme preuve lors du procès ; elles avaient été enregistrées par la police lors d'une enquête sur un trafic de drogue, et l'affaire Naseiro concernait exclusivement «un sucrage» illicite.
L'enrichissement personnel dans le cadre d'une activité publique n'est pas un scoop particulièrement original, ni un monopole espagnol, ni même une spécialité du PP. Ce parti de droite est statistiquement celui qui compte le plus grand nombre de politiciens convaincus ou soupçonnés de corruption, mais le Parti socialiste (PSOE) n'a pas été épargné par ce genre de scandale. «L'affaire Roldán» a eu autant de retentissement et a été sans doute plus terrible que l'affaire Naseiro, car le coupable de malversation financière, Lui