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Libération

Aveuglement et cécité (psychologiques)

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publié le 6 mars 2009 à 6h53
(mis à jour le 6 mars 2009 à 6h53)

Crise psychologique

Vous vous souvenez, au tout début, quand il suffisait d’avoir confiance et d’attendre que ça passe? On parlait alors de subprimes (mais c’était en Amérique), de Jérôme Kerviel (mais c’était un accident), et de crise «systémique» (mais on allait vite fait bien fait nous moraliser tout ça).

C'était quand ? C'était il y a six mois à peine. En ce temps-là, Alain Minc pérorait que le fondement de la crise était «psychologique». Depuis, Madoff a balayé Kerviel, Lagarde révisé ses fantaisistes et menteuses prévisions de croissance, de déficit et de chômage, la «moralisation du capitalisme» ne renfloue que les banquiers, et «ça» ne passe pas. Tout, partout, martèle que nous y sommes et que le pire reste évidemment à venir, mais le discours public entretient encore le leurre d'une irréalité qu'à sa façon dérisoire, le JT de France 2 traduisait lundi, lorsque David Pujadas invita ses auditeurs à témoigner : «Ressentez-vous personnellement, leur demanda-t-il, les effets de la crise ?» Comme s'il y avait encore matière à douter. Comme si «la crise» pouvait, sans effets, ne ressortir que d'une impression. Comme si son fondement n'était encore que psychologique. Comme si, à lui brandir au nez crucifix et gousses d'ail, on pouvait médiatiquement la terrasser, la dissoudre, la nier.

Dans quel monde il vit, Pujadas ?

Outre-mer psychologique

Pujadas vit dans un monde où, comme la crise, les Antilles appartiennent non pas à un