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Libération

La flibustière des mantilles

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publié le 7 mars 2009 à 6h52

Alors là ! Quel chien, quelle classe, quelle beauté ! En 1950, à Bordeaux, lors de sa dernière prestation en France, voilà Conchita Cintron pour qui il fallut inventer le mot de torera ou plus exactement de rejoneadora puisqu'elle combattait à cheval. La photographie l'a figée quelques fulgurantes secondes avant l'estocade portée au taureau qui lui fait face.

La Belle et la Bête ? Le cliché nous tend ses petits bras mais il faut repousser ses avances car ce portrait, des pieds à la tête, raconte bien d’autres choses.

Le regard d'abord et cet œil qui ne vise par celui du taureau, mais, juste au dessus, son échine. Un œil qui doit être bleu ou vert, clair en tout cas. Et l'on sait que Conchita Cintron n'était pas que péruvienne (né le 9 août 1922 et morte à Lisbonne le 17 février) mais par sa mère, américano-irlandaise. Une sang-mêlé. Dès lors, on peut imaginer que c'est un peu du volcan de la «verte Erin» qui fulgure en elle. Conchita Cintron avait, dit-on, tapé dans l'œil d'Orson Welles, centaure habitué des arènes, mais c'est dans un film de John Ford ou de John Huston qu'on l'aurait bien vue : poseuse de bombes contre les occupants britanniques, ou telle une Maureen O'Hara dans l'Homme tranquille, enjeu et tisonnier d'une castagne mémorable entre mâles se la disputant.

Les cheveux sont bien aussi. Ramassés et probablement en chignon sur la nuque. Bien évidemment pour la commodité car, fille en cheveux, elle aurait pris le risque d’être aveuglée face au ta