«La mobilisation n'est pas la guerre» : ce qui se révéla malheureusement faux en août 1914 risque de se révéler malheureusement vrai aujourd'hui. Le peuple est mobilisé contre le pouvoir qui est mobilisé contre la crise. Mais ce gouvernement n'est pas le premier à vouloir lutter contre le chômage sans parvenir à de fiers résultats. C'est la mobilisation générale, mais tout le monde ne va pas dans le même sens. On part tous au front d'un bon pas mais on ne s'est pas mis d'accord sur l'ennemi. On dirait un général, avec son armée derrière lui, qui crierait «A l'attaque» et verrait immédiatement ses troupes se scinder en deux pour commencer le combat un groupe contre l'autre. C'est la croissance qui est immobilisée, au mieux, et la mobilisation syndicale aboutit à l'immobilisation relative du pays. Nicolas Sarkozy s'est vanté qu'on ne se rendait maintenant plus compte quand il y a grève, l'inconvénient pour lui est que, dans ces conditions, les grévistes ont peu de chances de devenir impopulaires. Le chômage se révèle aussi une arme sociale à double tranchant. Certes, on a d'autant plus peur de perdre son emploi que l'espoir qu'on vous en propose un autre est quasi-nul. Mais, une fois qu'on l'a perdu, on n'a plus rien à attendre. Trop de chômage tue la menace du chômage.
Face à la crise, le pragmatisme de Nicolas Sarkozy a ses limites. Qu’on enterre la réforme des départements, d’accord ; qu’on abandonne celle des universités, pas de problème ; mais qu’on revienne sur le