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Libération

La double étreinte de Pedro

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publié le 28 mars 2009 à 6h51

On a toujours eu deux Almodóvar pour le prix d'un. Le spectateur de ses films sait, quand il achète son billet au cinéma, qu'il a le rire assuré, celui de l'humour «almodovarien». Un rire de toutes les couleurs, entre l'humour noir, le rose gay et le vert tendance corsé, avec également, et de plus en plus, une gravité «mélo» qui peut être profondément émouvante. Ces deux «personnes» de Pedro apparaissent de façon très nette dans son nouveau film les Etreintes brisées, qui est sorti en Espagne la semaine dernière.

Dans cette œuvre, ce grand portraitiste de femmes et créateur d'un clan célèbre, les «filles Almodóvar», explore encore plus avant le monde des «garçons» et des pères castrateurs ; le scénario plein d'échos s'inspire en partie, de l'aveu même du réalisateur, de Gregory, le fils transsexuel d'Ernest Hemingway. Il se trouve assez bien résumé dans une des premières scènes, lorsque le réalisateur Mateo Blanco - qui s'est fait appeler Harry Caine quand il est devenu aveugle à la suite d'un accident de voiture - raconte à Judit, sa confidente et directrice de production, l'histoire (véridique) d'Arthur Miller qui, marié avec la photographe Inge Morath, avait eu un fils, atteint du syndrome de Down, que le dramaturge renia et refusa toujours de voir. Des années plus tard, ce fils, devenu adolescent, se rendit à une rencontre littéraire de son père à l'issue de laquelle il se présenta : «Je suis ton fils, et malgré tout, je me sens très fier de toi.»

Thriller