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Libération

Prêtre à porter

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publié le 11 avril 2009 à 6h52

Quel est donc le geste de la main qu’esquisse ce jeune homme de 24 ans ? Se protéger de la lumière d’un projecteur ? Gratter sur son front un reste d’acné adolescente ? Ou, moins évident à première vue, esquisser la figure du signe de croix ?

Cette dernière hypothèse est sans doute la meilleure, car ce jeune Frédéric Picard se destine à devenir prêtre de la religion catholique. Gloups ! se dit-on. A quel moment l'aiguillage de sa vie l'a orienté vers une telle destination ? On raisonne à sa place : mysticisme ? Trouille du réel ? Valeur refuge de la «foi» ? On se met dans la peau de ses parents - dont on apprend à l'occasion du miniportrait qui lui fut consacré (Libération du 9 avril) qu'ils ne sont pas pratiquants. Et on imagine. La mère (elle comprend tout) qui aurait préféré qu'il devienne pédé. Le père qui n'aurait peut-être pas envisagé que l'injonction de Kipling tournerait ainsi : «Tu seras un homme, mon fils», mais aussi, léger chewing-gum dans l'engrenage, un curé.

On se met aussi à la place du jeune homme et on se triture les méninges à comprendre le rideau de fer que le futur abbé Picard va faire tomber sur sa sexualité. Certes, l’abstinence est une activité sexuelle à part entière, mais on connaît plus glamour. On percute à cet instant que le jeune Picard porte le nom d’une célèbre marque de produits surgelés…

Mais ce portrait ne porte pas seulement à intrigue ou ricanements. Que regarde-t-on si on ne savait pas ? Que le jeune Picard est plus ou moins