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Libération

Comme une intrusion

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publié le 2 mai 2009 à 6h52

Comment illustrer un article sur la recrudescence des viols en Suède ? Le portrait d’une victime ? D’un violeur ? Légalement, c’est souvent impossible, les victimes comme les criminels étant, pour des raisons antipodiques, réticents à cette exhibition.

Alors s’ouvre la piste de la métaphore. Qui conduit à cette photographie de Lars Tunbjork. Très construite, belle si l’on veut et si tant est que ce qualificatif essoré suffise. Mais on ne voit pas le rapport, sinon à noter que dans l’encadrement de la fenêtre, c’est une femme de dos qui apparaît. Déposée dans un autre contexte, l’image pourrait aussi bien illustrer une enquête sur le douloureux problème du dégel lié à la dissolution des gangs de jeunes en banlieue polaire (rapport à la bande à neige en train de fondre aux pieds d’un immeuble) ou, tout aussi bien, un reportage sur la terrifiante pandémie des rideaux de cuisine à fleurs.

Pourtant, si on s’obsède de cette image, on finira par convenir qu’elle est adéquate à son sujet et partant bien choisie. Du coup, on recommence à zéro sa lecture. Ce qui démange la curiosité, c’est d’abord la luminescence particulière et le fait que sa clarté semble venir du centre de la photographie. Pas de doute, c’est à coup de flash que le photographe a toqué au carreau de cette fenêtre. Il n’est pas certain pour autant que cela se soit passé de nuit. De jour aussi, le flash produit de ces effets laiteux. C’est même devenu un genre (voire une école ; cf. le travail d’un Bruce Gilden ou d’un