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Au mot

Grippe

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publié le 2 mai 2009 à 6h52
(mis à jour le 2 mai 2009 à 6h52)

Il est de faux amis mais il y a aussi des parentés avérées. Grippe, à l’origine, c’est griffe. Il s’agit de prendre au collet, d’empoigner. De crocher dedans, c’est-à-dire d’agripper. Au sens figuré, nous dit le Robert, cela renvoie à une querelle, une toquade, un caprice.

Griffe/grippe. Le «f» de foudre et le «p» de prise. Des mots pour les voleurs et pour les amants. Qui se griffent le dos avant de se prendre en grippe. Chez Corneille, on se rêve délivré du tourment des sentiments et on se dit plus heureux :«Que tant de fous et d'amoureux/ Qui se sont perdus par leurs grippes.» Et Saint-Simon évoquant le versatile duc de Noailles, parle d'«un homme de grippe, de fantaisie, d'impétuosités successives».

Espagnole ou mexicaine, aviaire ou porcine, la grippe n’est plus que ce qui tombe dessus à l’improviste et saisit à vif. Une pathologie longtemps perçue comme bénigne, proche de la fausse excuse des lundis matins paupières en panne, réveil en rade. Une angoisse qui monte en chantilly dans une société hygiéniste et hypocondriaque, vieillissante et voyageuse.

Il était question de se mettre le grappin dessus. Il n’est plus temps de fuir la mauvaise influence (grippe a aussi des affinités avec l’italien «influenza») des humeurs malignes qui volettent alentour et s’infiltrent malgré les masques de carnaval chirurgical et les mains pommadées de liquide antibactérien. Il s’agissait de se rapprocher pour de colériques ou luxurieuses raisons. Il s’agit de se carapater à