Menu
Libération

Pirates

Article réservé aux abonnés
publié le 9 mai 2009 à 16h30
(mis à jour le 9 mai 2009 à 16h30)

Les téléchargeurs s’offusquent d’être traités de «pirates». Qu’ils couinent ! On persiste et signe, et ceci pour deux raisons moins agressives qu’il ne pourrait sembler.

D’abord, «pirates» est moins dépréciatif que «voleurs de droits d’auteur», qui conviendrait mieux mais rend mal compte d’un larcin incertain, à tout le moins négligent, commis par des accumulateurs de fichiers assez compulsifs pour stocker des noisettes musicales et visuelles qu’ils ne croqueront sans doute jamais.

Ensuite, l'étymologie et l'histoire du terme rendent plus sympathique qu'il ne l'est un comportement sans envergure, moins risqué qu'un chapardage, commis à l'étalage numérique par des consommateurs tellement accrochés à leurs iPod que jamais ils ne reprendraient à leur compte l'axiome de Proudhon («La propriété, c'est le vol»).

Selon le Robert, «pirates» vient des grecs peiratès et peira, qui renvoient à «tentative», «expérience», «s'efforcer», «pénétrer», «entreprendre». Cela peut même s'appliquer à un abordeur de dames qui les embarque avant qu'elles n'aient eu le temps de consentir des «mon amour» attendrissants. En latin, ça donne pirata, celui qui cherche fortune, qui part à l'aventure tenter sa chance. Les origines du terme voguent sur un bouillon de culture entrepreneuriale quand l'imaginaire attaché aux Rackham et autre Mary Read sent le maritime. Tout ça va bien au teint blafard des internautes et autres navigateurs virtuels. L'Ultra-marin Césaire pourrai