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Libération

Le monde sans syntaxe de l’UMP

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publié le 15 mai 2009 à 6h52
(mis à jour le 15 mai 2009 à 6h52)

Un délire

De Rachida Dati, oublions le peu d'appétence pour l'Europe qu'elle était censée venir vendre, ce mercredi-là, devant des «jeunes populaires», lors d'une réunion de plaisante mémoire. Oublions ses rires étouffés de fumeuse de moquette et son arrogante légèreté à l'endroit du pâle Barnier, tête de liste désignée. Mettons cela de côté pour ne considérer que le produit pur, si l'on ose dire, d'une incompétence tardivement rhabillée en «troisième degré», mais pas seulement. «L'Europe s'occupe de ce qu'on lui donne à s'occuper avec les personnes qui peuvent porter ces affaires à s'occuper», c'est, de quelque façon qu'on prétende la justifier, une bouillie qui ferait vomir mon chat.

Ce sabir encore en titre ministériel, coulé tel chaux vive dans les oreilles citoyennes, constitue en soi, indépendamment même de ce qu’il aspire à signifier, un attentat contre la démocratie. Il est le fourrier démagogique du populisme véritable. Il n’est pas un accident, mais le symptôme éclatant d’une façon de gouverner. Loin de «faire peuple», il proclame le mépris en lequel il tient la langue autant que l’opinion.

Ce mépris vient de haut. On savait la défiance qu'inspire au chef de l'Etat toute forme d'exigence spirituelle, et tout particulièrement en matière linguistique. De sa répulsion pour certaine Princesse de Clèves à la violence de ses «casse-toi, pauv'con !» la parlure sarkozienne a suscité, entre autres avatars, le charabia datien, signe d