J’ai été réveillé ce matin par la maison : elle bougeait. Elle s’est déplacée de trois bons centimètres sur la gauche et s’est arrêtée ; puis elle est revenue vers la droite et elle a commencé à me donner le mal de mer en s’agitant comme un bateau dans un port. Comme Londres n’est pas dans une zone sismique à risque, je n’ai pas perdu de temps à m’abriter dans une embrasure de porte, ni à vider la baignoire, par crainte d’un tsunami. J’ai su immédiatement de quoi il retournait. C’était l’effondrement du crédit qui finalement survenait. Ça fait six mois qu’on nous le prédit. Il y a eu une période, au début de la Seconde Guerre mondiale, qu’on a appelée «la drôle de guerre». On avait déclaré la guerre mais les hostilités n’avaient pas commencé ; les armées se trouvaient chacune d’un côté de la frontière et se regardaient en chiens de faïence avec beaucoup d’embarras. Il restait à convertir l’hostilité formelle en haine farouche et chaque camp hésitait à démarrer la casse ou à foutre le binz. C’est plus ou moins dans cet état-là que se trouve la Grande-Bretagne en ce moment.
Discount. Toutes les statistiques affluent, nous annonçant la catastrophe et la damnation : il y a plus de deux millions de chômeurs, les faillites augmentent, la production industrielle est plus basse qu'à l'âge de pierre, la livre sterling s'effondre de 30 %, et même les maisons à Mayfair coûtent moins cher que celles de Terre de feu. Mais, tout comme pendant cet automne long et chaud de 1