«Le Monde» déprimé
Alors, dans une «analyse» remarquée donnée lundi au Monde, M. Michel Noblecourt, comme son nom l'indique, découvrit que finalement, le matin du grand soir, ce serait plutôt p'têt'ben qu'non. A la veille de la quatrième «journée d'action» du semestre qui, mardi, allait achever de décourager un peu plus le salarié, la lucidité du confrère, fût-elle un peu tardive, entrait de plain-pied dans la légende dont le Monde s'est fait une spécialité.
Difficile en effet, dans la «déprime sociale» que déplore M. Noblecourt, de ne pas entendre l'écho de son aîné, feu Pierre Viansson-Ponté, qui, le 14 février 1968, éditorialisa son brame fameux : «La France s'ennuie». Revisité après la grève générale de mai-juin, le propos allait bientôt (par un tour de passe-passe dont les ressorts, quarante ans après, m'échappent encore) passer pour la géniale annonciation des pavés de Mai.
Son successeur éditorialiste chasse sur ces terres, dont l'intitulé du papier évoque «les pavés de mai 2009» ; à «l'ennui» de l'un répond la «déprime» de l'autre, qui pas une seconde ne songe à évoquer le rôle de bureaucraties syndicales, lesquelles, depuis six mois, nous font battre l'asphalte dans l'incantation de leur unité comme une fin en soi. Pour quoi faire, sinon amuser le tapis en priant pour que nul accident de «séquestration» ne vienne contrarier la perspective de la trêve estivale ? A la chute, M. Noblecourt incite cepen