Avant, le spectre était large et les variations datées. On disait beau mec, et ça faisait un peu julot-proxo de Pigalle la blanche. On disait minet, et ça renvoyait au temps du drugstore Publicis. On bramait métrosexuel et ça ne valait pas plus qu’une publicité pour crème de jour.
Aujourd’hui, on dit «beau gosse». Et, seul le film de Riad Sattouf prend la chose par antiphrase, avec ses acnéiques qui se fantasment bogoss, quand ils sont bien conscients de n’être que des boloss. A savoir des nazes, des bouffons, des moins que rien, des va chercher et ne reviens surtout pas.
Les collèges-lycées ont une vision claire et nette du beau gosse. Il est admiré, envié, célébré. Ne comptez plus sur le moindre esprit fort, fagoté comme l’as de pique, pour s’en moquer. La dictature de l’apparence est applaudie debout par les bébés citoyens d’une démocratie rhabillée en soldes fins de série.
Preuve de la capillarité de cette idée qui voudrait que les beaux soient devenus les bons, la locution nominale peut aussi servir d’interjection approbative quand il s’agit de saluer un acte de bonne camaraderie ou une BA de proximité. Exemple : tu sèches sous l’inquisition professorale et ton voisin te sauve la mise. Tu peux tout à fait saluer sa grandeur d’âme d’un exclamatif : «Oh ! Beau gosse !» qui aurait pu, en des temps anciens, se décliner en «Grand seigneur !»
Ce genre de remerciement se distribue désormais paritairement. Et c’est là que ça devient sioux car, au temps des faubourgs et des bou