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Libération

Après le capitalisme, moraliser la guerre

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Les opinions, mondialisées par les ravages d’une économie traderisée, découvrent que la guerre, c’est comme le capitalisme: ça ne se moralise pas dans des incantations.
publié le 11 septembre 2009 à 0h00

Opium et charia

Sur fond de bombardements aveugles (dits «bavures»), de pertes civiles infiniment recommencées (l’autre vendredi encore, autour d’une centaine à l’entour d’un camion-citerne d’essence), de rapatriement de cercueils alliés (derechef, deux autres drapés de tricolore, mardi dernier) et de huitième anniversaire (c’est aujourd’hui) d’un fameux 11 Septembre, se transforme doucement notre perception de la sale guerre d’Afghanistan. Ainsi ce conflit-là se découvre-t-il pour le bourbier qu’il était trop évidemment voué à devenir.

Ce qui est nouveau, c’est que ses partisans n’emploient plus, à l’endroit de ceux que l’engagement surarmé laissa plus que sceptiques, ce vilain mot de «munichois», ni ne leur prêtent plus, dans de vigoureuses diatribes éditoriales, trop de coupables complaisances envers les diables talibans. Ainsi apparaît-il, même à la conscience des plus rigoristes va-t-en- guerre, qu’il ne suffit pas que la cause proclamée - en gros, l’exportation de la démocratie et la libération des femmes afghanes (qui est contre ?) - soit juste pour que la guerre soit propre.

C’est que l’ennemi est diffus, l’objectif confus, et le moral en compote. Ne voit-on pas apparaître, dans la désolation des champs de pavots, des «talibans modérés» (variante : «politiques») qui prennent langue avec Hamid Karzaï, le champion de l’Occident ? A l’heure où, au terme d’une élection dont les observateurs les plus diplomates admettent qu’elle fut entachée de fraudes multi