Cette image est située et datée : 22 août 2009, base militaire française de Tora, province afghane de Saroubi, à l’est de Kaboul. Son actualité tient au conflit en cours en Afghanistan. Mais aussi à la modernité des équipements militaires : Des jumelles, un étrange binoculaire, des antennes, des fils, des engins, de quoi détecter, y compris électroniquement, la moindre chose. Mais quelle exactement ? Un mouvement de troupe ? La reptation d’un scarabée dans la vallée ? Certes, on peut supposer que la présence du photographe, son objectif fiché dans leur dos, a augmenté le zèle professionnel du couple de soldats. Mais tout de même, nous autres, que le cadre a juché par-dessus les épaules des observateurs militaires, nous nous demandons, scrutateurs au carré : qu’y a-t-il de si intriguant, inquiétant, dangereux, qui mérite un tel déploiement d’attention, une telle tension ? Au loin, ce fatras de montagnes, de vallées, de fleuve, est-il comme une charade dont on pourrait à force de vigilance résoudre l’énigme ? Peut-être le silence ? Peut-être le vide ? Peut-être l’insignifiance?
A l'aune de ces questions irrésolues, la fiction qui en découle est atemporelle. Du haut d'une colline fortifiée, des soldats toisent le paysage. C'est une saynète ancestrale, presque une parabole, aussi antique que l'art des remparts, aussi vieille que l'humanité dès lors que la civilisation des hommes a décidé qu'il y avait plusieurs mondes dans le monde, des «autres», des étrangers, des métèques, des