Samedi Le jour d'après
Je ne suis pas superstitieux, cela porte malheur, alors hier, 11 septembre, jour de mon anniversaire, j’ai bravement pris l’avion, et même passé dans mon bagage de cabine le rasoir à main qui m’aurait permis de détourner le vol AF 2034 si j’avais eu d’autre envie que celle de retrouver, au plus tôt, et Berlin et les miens. Jusqu’en 2001, ma date de naissance n’a pas ému grand monde. Depuis, il en va autrement, surtout quand l’on sait que ma mère - une catastrophe à elle toute seule - a, par fantaisie ou au contraire une totale absence d’imagination, accouché de ses fils un 11 septembre, à deux ans d’intervalle. Désormais, chaque 11 septembre, quand Manhattan fume à l’heure du journal télévisé, c’est un peu pour mon frère et moi que deux énormes bougies sont tragiquement soufflées.
Dimanche Être là
Pour fêter mes retrouvailles avec la ville promise à devenir la plus cosmopolite et sexy du si vieux continent, et où afflue la jeunesse européenne (singulièrement française et italienne, sarkozysme et berlusconisme confondus dans le populisme inspirant de fuir deux pays grotesques, amers et confisqués par des ploutocrates), nous avons, assis sur des rondins de bouleau, déjeuné sous les platanes de Kreuzberg de pizzas canadiennes aux mangues et au poulet tandoori, arrosées de sirop d’érable relevé de piments. Est-ce assez d’heureux mélanges, ou faut-il y ajouter en dessert la vision d’une punkette à crête rouge endormie sur l’he